Ecobank : un bilan en bourse décevant, mais un avenir prometteur
Le groupe panafricain peine à convaincre sur les marchés. Toutefois, son potentiel demeure fort. Le pic des investissements atteint, le groupe panafricain devrait être plus généreux en dividendes.
Le 11 septembre, Ecobank Transnational Incorporated (ETI) fêtera les cinq ans de sa triple cotation en Afrique de l’Ouest : à Abidjan, Accra et Lagos. Une introduction en Bourse qui, en 2006, avait suscité de grands espoirs, aussi bien chez les investisseurs que chez les dirigeants du groupe. Quelques années et une sévère crise financière plus tard, la banque, désormais présente dans 30 pays subsahariens et qui devrait redistribuer près de 39 millions de dollars (environ 27 millions d’euros)de dividendes pour son exercice 2010, peine à convaincre sur les marchés financiers.
« ETI a été une déception au cours de ces trois dernières années à la BRVM [Bourse régionale des valeurs mobilières, à Abidjan, NDLR] », déplore Gabriel Fal, patron de CGF Bourse, une société de gestion et d’intermédiation basée à Dakar. De 0,20 dollar en 2006, le cours de l’action, qui a atteint son plus haut niveau à près de 0,45 dollar entre fin 2007 et début 2008, a dégringolé pour tourner autour de 0,10 dollar aujourd’hui. Parmi les raisons de cette baisse des cours, « l’augmentation du capital via des levées de fonds successives et la conversion d’un prêt de la Société financière internationale en capital en 2008, qui ont augmenté le nombre d’actions de 165 % », note le cabinet Exotix. De fait, les actionnaires ont été confrontés à une dilution de leurs parts, et donc du dividende perçu.
« En raison de ses ambitions, notamment l’expansion de son réseau, Ecobank était obligé de renforcer son capital, même si cela pénalisait les actionnaires », explique Jean-Luc Bédié, directeur général de la société d’intermédiation Hudson & Cie. La banque, qui devait financer cette expansion effrénée, ne pouvait pas verser d’importants dividendes, d’où une baisse de l’intérêt des investisseurs pour le titre. Ajouté à cela, le fait qu’ETI soit coté sur la même Bourse qu’Ecobank Ghana (Accra) et Ecobank Nigeria (Lagos) peut contribuer à « brouiller l’image du groupe sur ces places », estime un autre analyste.
Bonnes performances. Il n’empêche qu’ETI reste « un champion panafricain », précise Jean-Luc Bédié. Mais surtout une valeur d’avenir qui affiche une croissance constante. Après avoir été pénalisé par la crise qui a secoué le secteur bancaire au Nigeria – son principal marché (entre 25 % et 30 % de ses revenus) -, Ecobank a renoué en 2010 avec de bonnes performances, via un bénéfice net en hausse de 104 %, à près de 132 millions de dollars. Le groupe, dont les 775 millions de dollars de capital libéré sont détenus par plus de 175 000 actionnaires, devrait engranger de bons résultats au cours des années à venir, grâce à l’optimisation de son vaste réseau, d’après Cyrille Nkontchou, gérant du fonds d’investissement Enko Capital. En plus, la plupart des pays où est implantée la banque devraient afficher de fortes croissances dans les années à venir : 9 % au Ghana en 2011, 7 % au Nigeria, 6 % au Kenya…
Autre avantage reconnu au titre Ecobank : la proximité géographique des marchés sur lesquels il est coté. « La disponibilité simultanée des actions sur trois places boursières facilite les échanges entre investisseurs », estime Jean-Luc Bédié. De fait, en dépit de ses faiblesses, ETI reste l’un des titres les plus échangés à la BRVM et sur le Ghana Stock Exchange, et donc l’un de ceux qui contribuent à améliorer la liquidité de ces places. « Ce sur quoi il faut juger Ecobank, ce sont ses fondamentaux, qui sont solides, assure Arnold Ekpe, directeur général du groupe. Le cours d’un titre reflète le sentiment des investisseurs sur le court terme. Mais si on se projette sur le long terme, Ecobank est l’une des meilleures opportunités pour les investisseurs. La rentabilité du groupe va s’accroître avec la consolidation et l’optimisation du réseau. »
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