Niger : entre Mahamadou Issoufou et l’opposition, dialogue ou bras-de-fer ?

Depuis la réélection de Mahamadou Issoufou au Niger, opposition et pouvoir n’ont cessé de s’écrire. Alors que le président propose un gouvernement national, ses contempteurs acceptent un « dialogue ». Mais les deux camps posent des conditions qui semblent jusqu’à présent inconciliables.

Mahamadou Issoufou, Hama Amadou, Seyni Oumarou, Amadou Boubacar Cissé, Mahamane Ousmane. © AP/SIPA/Gaël Cogné – J.A.

Mahamadou Issoufou, Hama Amadou, Seyni Oumarou, Amadou Boubacar Cissé, Mahamane Ousmane. © AP/SIPA/Gaël Cogné – J.A.

MATHIEU-OLIVIER_2024

Publié le 31 mars 2016 Lecture : 3 minutes.

Mahamadou Issoufou, dont la réélection a été validée par la Cour constitutionnelle mercredi 30 mars, n’a pas encore changé de stratégie. Dans une lettre adressée à l’opposition mardi via le Premier ministre Brigi Rafini, le chef de l’État a laissé la porte ouverte au dialogue. « Le président de la République reste ouvert au dialogue », écrit ainsi Rafini, ajoutant : « dans le respect de la Constitution et des institutions issues des dernières élections. »

Toutefois, si la main présidentielle, gantée de velours, reste tendue, elle n’en est pas moins ferme. Mahamadou Issoufou n’a pas l’intention de céder du terrain sur l’enjeu principal de l’après-scrutin : la question de la légitimité de sa réélection, que ses rivaux continuent de contester. Il a fait savoir à la télévision nationale qu’il n’envisageait pas de mettre en place une quelconque transition politique, comme le réclame la coalition d’opposants.

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Le chef de l’État a également réaffirmé que les résultats proclamés et validés par la Cour constitutionnelle étaient « la seule vérité judiciaire ». Les accusations de fraudes ne sont qu’une « simple opinion de votre part », a-t-il fait transmettre aux opposants via Brigi Rafini, qui avait déjà fait office de messager le 25 mars en faisant connaître à l’opposition la proposition de gouvernement d’union nationale du président.

« Il y a un défaut de légitimité qu’il ne faut pas occulter »

Mais selon un ténor de la Copa 2016, l’opposition considère toujours que les scrutins législatif et présidentiel devraient être déclarés nuls et non avenus. Ce point est même considéré comme crucial à aborder dans l’optique d’un quelconque dialogue.

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« Il y a un défaut de légitimité qui vient de ce que le scrutin a été truqué et il ne faut pas l’occulter », insiste une source, qui estime que la coalition ne doit pas céder pour obtenir quelques postes ministériels. « Le plus important, ce n’est pas le gouvernement d’union nationale, qui est une opération de communication », ajoute-t-elle : « Si Issoufou avait voulu de l’ouverture, il l’aurait faite à l’Assemblée [que l’opposition a choisi de boycotter, NDLR], or il a nommé quelqu’un du PNDS [Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme, au pouvoir, NDLR] à la présidence. »

« Ils ne peuvent pas bloquer le pays »

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Si les lettres circulent bel et bien entre le pouvoir et l’opposition, cette relation épistolaire semble pour le moment vaine et déjà remplie d’arrières-pensées sur son échec éventuel. Du côté de la Copa 2016, rien ne filtre cependant quant aux actions envisagées après l’investiture du président, qui aura lieu le 2 avril, et où sont annoncés les présidents mauritanien, burkinabè, camerounais, ivoirien ainsi que le Premier ministre algérien.

Les leaders de la coalition de l’opposition, persuadés de bénéficier de la légitimité populaire, assurent que la proposition de gouvernement d’union nationale n’a pas divisé leur mouvement, soudé dans son rejet du chef de l’État. « Issoufou espère peut-être nous diviser, mais nous restons des hommes de conviction », tranche un cadre de la Copa 2016.

« Le président a fait sa proposition en toute bonne foi, afin de rassembler les Nigériens », rétorque-t-on du côté du PNDS. Et d’ajouter : « De toute façon, ils ne peuvent pas bloquer le pays. Nous pouvons très bien faire fonctionner l’Assemblée avec les 118 députés de la majorité présidentielle ».

En d’autres termes, et comme l’a écrit dans sa lettre le Premier ministre à l’opposition, le 29 mars : « La main tendue du président est une chose ; garantir le respect de l’ordre constitutionnel et légal tel que le mandat lui en a été donné par le peuple souverain est une autre chose et qui sera assumée. »

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