Nigeria : silence autour de l’enlèvement de 400 femmes et enfants par Boko Haram

L’ONG Human Rights Watch (HRW) dénonce le silence des autorités nigérianes autour du plus grand rapt de Boko Haram au Nigeria, qui a eu lieu il y a un an dans la ville de Damasak, à l’extrême-nord du pays.

Des déplacés nigérians victimes de Boko Hrama, à Yola en décembre 2015. © Sunday Alamba / AP / SIPA

Des déplacés nigérians victimes de Boko Hrama, à Yola en décembre 2015. © Sunday Alamba / AP / SIPA

Publié le 31 mars 2016 Lecture : 2 minutes.

Alors que l’enlèvement des 276 lycéennes de Chibok revient régulièrement en une de l’actualité et que leur libération mobilise la communauté internationale, il semble que l’enlèvement le plus important perpétré par le groupe islamiste au Nigeria soit passé relativement inaperçu. Une situation dénoncée par l’ONG Human Rights Watch dans un rapport publié cette semaine.

Au début du mois de mars 2015, les islamistes de Boko Haram étaient chassés de Damasak, une ville de l’extrême-nord du Nigeria, par les troupes nigériennes et tchadiennes. Ils laissaient derrière eux une centaine de cadavres et emportaient, selon HRW, plus de 300 enfants et une centaine de femmes depuis portés disparus. Lors de leur entrée dans la ville, le 24 mars 2014, les islamistes avaient en effet installé leur quartier général à l’école primaire de Damasak. Là, ils ont gardés captifs près de 500 enfants et femmes pendant près d’une année. Beaucoup ont perdu la vie avant la libération de la ville.

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(Vidéo mise en ligne dans le rapport publié par Human Rights Watch, intitulé  » Un an après, pas un mot sur l’enlèvement de 300 enfants par Boko Haram »)

Pourquoi ce silence ? 

Si certains médias ont fait état à l’époque de l’enlèvement d’une centaine d’enfants dans la région, les chiffres n’ont jamais été confirmés. Pourtant, certains journalistes et cameramans ont pris des images de la ville au moment de l’arrivée des troupes du Tchad et du Niger. Des journaux locaux indiquaient alors que les autorités avaient nié les informations sur cet événement.

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Pour Mausi Segun, chercheuse à Human Rights Watch au Nigeria contactée par Jeune Afrique, ce silence des autorités a plusieurs causes :  » C’est arrivé quelques mois seulement après l’enlèvement des lycéennes de Chibok, qui mobilisaient tous les activistes du pays« , explique-t-elle. « D’autre part, dans cette région de l’extrême-nord du Nigeria, les populations, souvent déplacées et extrêmement pauvres, n’ont pas les moyens de se faire entendre ». Autre explication : quelques mois avant l’élection présidentielle, le climat politique tendu rendait difficile la couverture d’un tel événement.

Approchée par les familles des disparus dans les camps de déplacés, l’organisation  HRW demande aujourd’hui au gouvernement nigérian de prendre en compte les nombreuses disparitions dans le pays. » Le plus important est de reconnaître ce qui s’est passé, et la peine des familles. Il faut que le gouvernement leur donne des informations s’il en a », martèle Mausi Segun.

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Selon un décompte de l’AFP, plus de 1 650 personnes ont été tuées par Boko Haram depuis l’entrée en fonction du président Buhari en mai 2015, des centaines d’autres ont été enlevées.

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