Angola : Sindika Dokolo à la poursuite des œuvres volées

Un homme d’affaire angolais est parti à la chasse des œuvres pillées dans son pays afin de les y rapatrier. Une mission héroïque, qui secoue le marché

Sindika Dokolo. © Miguel Nogueira courtesy of Fundação Sindika Dokolo

Sindika Dokolo. © Miguel Nogueira courtesy of Fundação Sindika Dokolo

NICOLAS-MICHEL_2024

Publié le 1 avril 2016 Lecture : 2 minutes.

Gendre du président angolais José Edurardo Dos Santos, l’homme d’affaire Sindika Dokolo est connu pour sa collection d’oeuvres d’art contemporain comprenant quelque 5 000 œuvres signées des plus grands : William Kentridge, Mounir Fatmi, Yinka Shonibare, Jean-Michel Basquiat, Marlene Dumas, etc. Inspiré par son père, Augustin Dokolo Sanu qui était lui-même collectionneur d’art classique africain, Sindika Dokolo avoue entretenir avec ce dernier une « relation intime ». Ces deux dernières années, il a d’ailleurs entrepris de partir à la chasse des œuvres pillées dans son pays afin de les y rapatrier. Aidé par les marchands d’art Didier Claes et Tao Kerefoff, il entend notamment récupérer les pièces qui se trouvaient au Musée de Dundo et qui en ont disparu entre 1975 et 2002, pendant la guerre. Une tâche d’autant plus difficile que, d’une part, on ignore le nombre de pièces manquantes et que, d’autre part, chacune d’elle peut valoir plusieurs centaines de milliers de dollars sur le marché international.

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Retour au pays natal

« Le moment est venu pour toutes les œuvres perdues de rentrer à la maison, où elles pourront jouer pleinement leur rôle, un rôle qui aidera à renforcer notre culture et notre savoir, qui permettra de compléter notre patrimoine », soutient Dokolo qui entend proposer aux galeristes « de bonne foi » une indemnisation au prix d’achat… ou un petit entretien avec ses avocats. La démarche, a priori, s’avère payante. Pour l’heure, ce sont cinq œuvres d’art classique qui rejoindront bientôt leur pays natal. Dernier achat en date, une statue Tchokwé de Lweji, une reine Lunda, qui appartenait à l’artiste franco-américain Arman. Vendue d’abord à un collectionneur privée, elle vient tout juste d’être acquise. Présentée à l’ambassade d’Angola avec un masque tchokwé le 1er avril, en présence de Fernando Alvim, le directeur de la Fondation Sindika Dokolo, elle retrouvera bientôt son musée d’origine, comme 3 masques Mwana Pwo et une autre statue masculine. L’un des masques a été acquis, après tractations, pour 80 000 euros, alors qu’il peut en valoir sur le marché quelque 600 000 ! La statue, acquise pour la même somme, était elle proposée à un million d’euros…

Effet dominos

La démarche initiée par Sindika Dokolo est un véritable coup de pied dans la fourmilière, puisque la plupart des œuvres actuellement vendues en Occident ont des origines douteuses. Un « effet dominos » est possible, même s’il reste souvent difficile de prouver la provenance d’un objet volé quand ce dernier n’était pas archivé – une situation fréquente en Afrique dont les marchands ont usé et abusé. Dans le cas de cette reine, la chance a voulu qu’elle soit photographiée et dûment renseignée par l’historienne de l’art Marie-Louise Bastin, auteur notamment de Art décoratif tshokwe : Museu Do Dundo (1961)

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Silence (gêné) dans les rangs

Gênés aux entournures, les galeristes n’entendent pas commenter la démarche de l’homme d’affaires-collectionneur récemment salué par la médaille du mérite de la ville de Porto (Portugal) pour son exposition d’art contemporain You love me, you love me not. Concerné par ces tractations, un marchand connu de la rue Bonaparte spécialisé en art classique africain a refusé de s’exprimer, estimant l’affaire « réglée ». En vérité, il ne s’agit que d’un début…

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Nicolas Michel

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