Maréchal et Associés Finance se fait une place

Arrivé à Abidjan en 2007, le très discret cabinet français prépare l’introduction à Paris de deux entreprises africaines. Le point sur cette société appelée à jouer un rôle croissant dans la finance du continent.

Publié le 27 septembre 2011 Lecture : 4 minutes.

Alors que le monde de la finance est en pleine tourmente et que toutes les Bourses de la planète jouent au yo-yo, le cabinet Maréchal & Associés Finance, basé à Paris, occupe le terrain. Il accompagne simultanément l’entrée en Bourse de deux entreprises à capitaux essentiellement africains. Après des mois de préparation, Petro Ivoire s’introduira le 30 septembre sur le marché libre NYSE Euronext. Quelques jours plus tôt, le 27 septembre, le Sénégalais Meïssa Ngom (voir notre interview filmée ici), patron de l’entreprise de transfert de fonds Money Express, doit annoncer qu’il tente lui aussi sa chance à la Bourse de Paris (lire encadré).

Petro Ivoire et Money Express à la cote

Première entreprise privée ivoirienne de distribution de produits pétroliers, Petro Ivoire veut exploiter le gisement de la Bourse (lire J.A. no 2645), avec l’aide du cabinet Maréchal & Associés Finance. Le 30 septembre, il s’introduira au marché libre NYSE Euronext, à Paris, dans le but de lancer un emprunt obligataire de 5 millions d’euros pour financer son développement (avec notamment l’ouverture de stations-services). Le cabinet français est aussi à la manœuvre au Sénégal. Il prépare l’introduction, prévue le 29 septembre, toujours à Paris, de Money Express. Société de transferts d’argent lancée en 2002 par Meïssa Ngom, elle est présente dans plus de 50 pays, dont 24 en Afrique. Son but : une augmentation de capital de 2,8 millions d’euros, représentant 17 % du capital. B.M.

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Le précédent Simat

Dirigé par Samuel Maréchal, PDG et fondateur, qui passe quinze jours par mois à Abidjan, le cabinet emploie une douzaine de personnes et n’en est pas à son coup d’essai. C’est déjà lui qui avait préparé, en décembre 2007, l’introduction de la Société ivoirienne de manutention et de transit (Simat) à la Bourse de Paris. Une cotation couronnée de succès qui avait été précédée, en octobre de la même année, par l’ouverture officielle d’un bureau du cabinet à Abidjan, d’où sont pilotées aujourd’hui toutes ses opérations pour l’Afrique de l’Ouest.

« Le pays demeure en pointe dans l’économie de la sous-région. Malgré la crise qui l’a affecté depuis dix ans, il reste structuré et les fondamentaux n’ont pas été atteints. Le budget de la Côte d’Ivoire, à l’équilibre, est le plus important de la zone franc CFA. De plus, les entrepreneurs du pays ont une culture d’entreprise très solide et une très longue expérience dans la gestion des affaires », justifie Samuel Maréchal. Ce qui ne l’empêche pas d’ouvrir actuellement une nouvelle filiale à Brazzaville, la société de gestion et d’intermédiation La Financière, « pour le marché de la Cemac [Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale, NDLR] », explique-t-il.

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L’histoire de Maréchal & Associés Finance se confond avec celle de son PDG, dont le parcours et le passé ne laissent pas indifférent. En France, l’homme a milité au Front national ; il a même épousé Yann, la fille cadette de Jean-Marie Le Pen, le fondateur du parti d’extrême droite. Il divorcera pour épouser en secondes noces, en 2009, Cécile Houphouët-Boigny, petite-fille de l’ancien président ivoirien. « J’assume mon passé, mais il est loin derrière moi. Je ne fais plus de politique. La vraie question est de savoir comment rebondir », souligne Samuel Maréchal. Et de mettre en avant « ses liens » avec l’Afrique : un père pasteur qui a vécu au Tchad et une grand-mère qui dirigeait un dispensaire et un orphelinat à Bobo-Dioulasso, au Burkina. Sur le plan professionnel, il a fait ses classes auprès de l’homme d’affaires lyonnais Louis Thannberger, dont la société Europe Finance et Industrie est spécialisée dans l’introduction en Bourse des PME françaises à forte croissance.

« Go-between »

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Aujourd’hui Samuel Maréchal, qui s’est rapproché des milieux d’affaires ivoiriens, vole de ses propres ailes. Sur le continent, le cabinet a bâti sa stratégie sur l’accompagnement sur le marché boursier français – et donc européen – d’entreprises africaines à la recherche de circuits de financement non traditionnels. « Nous sommes des intermédiaires, des facilitateurs et des initiateurs d’affaires. De nombreux groupes ignorent encore le potentiel de l’Afrique, qui pourrait être le relais de leur croissance perdue. Notre présence en Europe et en Afrique constitue un véritable pont entre les différents opérateurs économiques, pour leur permettre des taux de croissance importants, dans un esprit gagnant-gagnant », explique Samuel Maréchal.

Car l’activité de son entreprise dépasse le seul cadre des introductions en Bourse. Et s’il tente par exemple de mettre sur pied des projets de double cotation sur le marché Euronext de Paris et à la Bourse régionale des valeurs mobilières d’Abidjan (BRVM), il joue aussi le rôle de go-between. Ses équipes sont aussi bien sur un contrat d’investissement pour la construction d’une centrale photovoltaïque par le groupe français Schneider Electric (un chantier que se disputent quatre pays africains) que sur l’acquisition d’une entreprise française par un groupe d’Afrique de l’Ouest. À ce rythme, le cabinet, très discret jusque-là, est bien parti pour se faire un nom sur le continent. 

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