Paul Kagame : « Mon successeur, ce seront les Rwandais qui le choisiront, pas moi »

Dans une interview exclusive, le président rwandais Paul Kagame n’élude aucune question, du Burundi à la France en passant par la RDC, de la limitation des mandats à sa succession ou l’absence d’opposition. À lire dans « Jeune Afrique », en kiosque du 3 au 9 avril 2016.

Paul Kagame, à Kigali, en mars 2016. © Vincent Fournier/J.A.

Paul Kagame, à Kigali, en mars 2016. © Vincent Fournier/J.A.

Publié le 4 avril 2016 Lecture : 2 minutes.

Réforme de la Constitution, succession, absence d’opposition, France, RD Congo, Burundi… Sur tous ces sujets qui en fâchent plus d’un, Paul Kagame riposte sans détour.

Voici quelques extraits de l’entretien – en anglais, est-il besoin de le préciser – réalisé par Jeune Afrique avec un président qui, de Faure Gnassingbé à Alpha Condé, d’Ali Bongo Ondimba à Ismaïl Omar Guelleh, compte en Afrique francophone de plus en plus de fans et de followers en langage Twitter, dont il est un pratiquant assidu…

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>> Sur la limitation des mandats

Jeune Afrique : Lorsque vous et moi avons, il y a quelques années, abordé le délicat sujet de la limitation des mandats et des Présidents tentés de s’éterniser au pouvoir, vous m’aviez répondu que sur ce point comme sur beaucoup d’autres, vous seriez un Président différent. Or, la constitution rwandaise a été réformée et vous voici candidat à votre propre succession en 2017. Pourquoi avez-vous changé d’avis ?

Paul Kagame : Lorsque je vous ai dit cela, j’avais ajouté que la politique n’était pas seulement une affaire de choix ou de souhait personnels, mais qu’il fallait tenir compte de l’opinion du peuple et qu’en définitive, c’était le peuple qui décidait. La limitation des mandats est une chose : nous l’avons d’ailleurs portée à deux mandats de cinq ans au lieu de sept ans auparavant. Mais avant d’appliquer cette disposition, le peuple rwandais, dans son écrasante majorité, a voulu que j’effectue un septennat de plus. Ce n’est pas moi qui l’ai voulu, ce sont les Rwandais, compte tenu de la situation historique exceptionnelle du Rwanda, d’où nous venons et des risques inhérents à tout changement de cette nature. En d’autres termes, les Rwandais ont fait savoir en se prononçant à 98% en faveur de la réforme de la constitution, qu’ils ne se sentaient pas prêts à changer de leadership. Ce qui était à l’opposé de ce que j’aurais, à titre personnel, souhaité.

>> Sur Barack Obama

« L’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts » a dit Barack Obama l’an dernier à Addis Abeba. Partagez-vous son point de vue ?

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Je suppose qu’en parlant d’hommes forts, Barack Obama visait les dictateurs et non les leaders forts. Un leader fort n’est pas nécessairement un mauvais leader. Et mieux vaut un leader fort qu’un leader faible, aux Etats-Unis comme au Rwanda. En ce qui nous concerne, je ne sais pas nous en serions aujourd’hui si une direction faible avait, il y a 22 ans, pris le pouvoir dans ce pays. Au chaos aurait succédé le néant.

>> Sur le Burundi

Pourquoi le régime burundais répète-t-il que le Rwanda est à l’origine de ses problèmes ?

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C’est ce qu’il pense, ou ce que certains l’incitent à penser. Cela l’arrange sans doute d’éviter de regarder en face la réalité. Les problèmes du Burundi viennent du Burundi : ne pas vouloir le reconnaître fait partie du problème. C’est peut-être même le problème principal.

>> Sur les rapports avec la France

Donc, la réconciliation n’est pas pour demain ?

C’est probable, effectivement. Pourtant, nous avons beaucoup fait, pendant des années, pour qu’il en soit autrement. Nous avons même autorisé des juges français à venir enquêter chez nous alors que le Rwanda a infiniment plus de choses à reprocher à la France que l’inverse.

Lire l’intégralité de l’interview dans Jeune Afrique n°2882, en kiosque du 3 au 9 avril 2016 ou téléchargeable ici

Jeune Afrique 2882, du 3 au 9 avril 2016 © JA

Jeune Afrique 2882, du 3 au 9 avril 2016 © JA

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