Après la révolution, l’économie dans le rouge

Industrie grippée, tourisme au ralenti, inflation en hausse… Plus de trois mois après la révolution qui a précipité le départ d’Hosni Moubarak, l’économie égyptienne bat de l’aile. Va-t-elle rebondir ?

Publié le 17 mai 2011 Lecture : 2 minutes.

Avant la révolution, l’Égypte espérait une croissance de 6 %. Après la chute de Mouabarak, ce taux a été revu à la baisse par le Fonds monétaire international (FMI) qui s’attend aujourd’hui à une croissance de 1 %. Un chiffre qui n’a rien d’étonnant quand on sait que le pays tourne à 50 % de ses capacités, que les exportations ont chuté de 40 % depuis janvier et que l’inflation a subi une hausse vertigineuse de 12,1 %.

Le tourisme, secteur essentiel de l’économie du pays, est lui aussi frappé de plein fouet, avec une perte de 2,27 milliards de dollars depuis le début de l’année. Les promotions organisées par les agences n’auront pas suffi à attirer plus de visiteurs. En cause : la situation sécuritaire tendue. D’après le ministre du Tourisme, Mounir Fakhri Abdel Nour, les récents affrontements entre musulmans et chrétiens au Caire ont fait à nouveau chuter les réservations.

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Secteur public au ralenti

Le budget de l’État a été fortement entamé par les manifestations qui secouent le pays depuis la chute du président Moubarak le 11 février. Les travailleurs de plusieurs secteurs de l’économie se sont en effet mis en grève pour demander une hausse des salaires et de meilleures conditions de travail. Des mouvements sociaux qui auraient coûté 1,1 milliard de dollars (environ 770 millions d’euros) au gouvernement. « Les grèves dans un grand nombre d’entreprises du secteur public après la révolution ont ralenti la production, affaibli la productivité et réduit les revenus de nombreuses compagnies », explique Rachad Abdo, professeur d’économie à l’Académie Sadate.

Mais avec 40 % de la population qui vit sous le seuil de pauvreté, il est à craindre que la dégradation de la situation ne donne naissance à une nostalgie de l’ère Moubarak. Pour améliorer ses finances, l’État égyptien cherche ainsi à obtenir du côté du FMI et du G8 une partie des 10 à 12 milliards de dollars nécessaires à la relance du pays.

Rôle central de l’État

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Loin d’être perçue comme une menace pour l’économie, cependant, la révolution est vue par certains comme l’occasion pour l’État égyptien de revoir ses priorités en matière économique et d’entreprendre des réformes.

L’homme d’affaires Naguib Sawiris, à Paris lundi pour présenter le « Parti des Égyptiens libres » dont il est le fondateur, a ainsi insisté lors de sa conférence sur le rôle majeur de l’État dans la redistribution des richesses aux classes les plus défavorisées de la société. « Il faut que l’économie soit soumise à des règles, et c’est à l’État de décider de ces règles, comme c’est le cas en Allemagne par exemple », a indiqué le numéro un d’Orascom Télécom.

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De son côté, Khaled Ali, du Centre égyptien pour les droits économiques et sociaux, estime « qu’il faudrait revoir le budget pour relancer l’éducation, la santé, la protection sociale et augmenter les salaires ». M. Ali a ajouté qu’il faut désormais « donner aux travailleurs égyptiens les moyens d’une vie digne ».

Le ministre des Finances, Samir Radwan, s’est voulu optimiste pour le long terme, lors d’une récente intervention publique. « Malgré les pertes, les bases de l’économie égyptienne restent fortes, et ce qui a été réalisé avec la révolution en termes de vraies réformes démocratiques surpasse les manques à gagner et leurs conséquences. » Radwan s’est notamment déclaré confiant dans les investissements venant de pays du Golfe, en particulier du Qatar et d’Arabie saoudite. (Avec AFP)

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