Guinée : ce que les « Panama Papers » disent de Mamadie Touré dans le scandale de corruption du Simandou

C’est une société genevoise de gestion de fortune, Agefor SA, domiciliée à Genève et encore active, qui se serait chargée d’établir Matinda Partners and Co. Ltd, une société immatriculée aux îles Vierges britanniques. Et c’est par l’intermédiaire de cette dernière, déjà connue, que Mamadie Touré a perçu de l’argent dans l’attribution d’un permis minier – depuis retiré – en Guinée.

Vue du Camp Kanga de la mine Simandou en Guinée. © Rio Tinto

Vue du Camp Kanga de la mine Simandou en Guinée. © Rio Tinto

Publié le 6 avril 2016 Lecture : 3 minutes.

Par où est passé l’argent ? C’est à cette question que les « Panama Papers » apportent un bout de réponse supplémentaire dans le scandale de corruption à grande échelle qui implique Mamadie Touré, la 4e épouse de feu Lansana Conté, qui vit aux États-Unis depuis le décès de l’ancien général-président.

Mamadie Touré, ainsi qu’elle l’a reconnu, a joué de ses bons offices au profit de BSGR – Beny Steinmetz Group Ressources. La société du très controversé milliardaire franco-israélien Beny Steinmetz avait obtenu pour 161 millions de dollars des permis sur les blocs 1 et 2 du gisement de Simandou, une chaîne de montagne qui regorge de fer au sud du pays, et ce quelques jours à peine avant la mort du dictateur en décembre 2008.

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Matinda Partners, Beneficence Foundation et Agefor SA

« En novembre 2006, Mamadie Touré reçoit procuration pour Matinda Partners and Co. Ltd (déjà évoqué par Jeune Afrique en 2013), une société immatriculée aux îles Vierges britanniques. La même année, elle se met en rapport avec une compagnie minière qui, comme les autorités américaines le supposeront plus tard, lui demande, moyennant 5,3 millions de dollars, de l’aider à remporter une concession minière », écrit l’ICIJ, le consortium international de journalistes d’investigation qui a commencé à publier, le 3 avril, l’identité des clients de Mossack Fonseca, une firme panaméenne chargée de créer et de domicilier des sociétés basées dans des paradis fiscaux.

Seuls éléments nouveaux dans la publication de l’ICIJ concernant Mamadie Touré, c’est une société genevoise de gestion de fortune, Agefor SA, domiciliée à Genève et encore active, qui se serait chargée d’établir Matinda Partners and Co. Ltd. De plus, écrit l’ICIJ, « Mamadie Touré a eu recours à un actionnaire prête-nom, Beneficence Foundation, et à une société suisse pour la gestion de la fondation. » Matinda, fondée le 17 novembre 2006, a été fermée le 30 avril 2010.

Mamadie Touré qui vit en Floride, a reconnu avoir perçu de l’argent pour aider à la délivrance des permis de BSGR à Simandou. Ces permis ont été retirés au groupe anglo-australien Rio Tinto, qui en était détenteur depuis une dizaine d’années, puis octroyés en 2008 au groupe israélien.

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Ce dernier, dans un extraordinaire coup de poker, a lui-même revendu 51% des parts de cette concession au brésilien Vale pour 2,5 milliards de dollars en 2010 — soit 15 fois le prix payé pour les permis sur les blocs 1 et 2.

Enquêtes et arrestations

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Dimanche 14 avril 2013, à l’aéroport de Jacksonville, en Floride, Mamadie Touré avait contribué à l’arrestation de Frédéric Cilins, un intermédiaire français de BSGR. Ce dernier a été condamné à deux ans de prison ferme en juillet 2014 pour obstruction à la justice dans le cadre d’une enquête. Il a été extradé en France au terme de sa détention en février 2015, rapportait le Financial Times.

Le 19 avril 2013,  Ibrahima Sory Touré, vice-président et directeur des relations publiques de BSGR et frère de Mamadie Touré, et Issaga Bangoura, responsable de la sécurité de la société, sont eux aussi arrêtés en Guinée. Ils ont été libérés le 30 novembre 2013 après 7 mois d’emprisonnement.

Parallèlement à l’enquête américaine qui se poursuit, la Guinée a pris les devants et retiré le permis accordé à BSGR et Vale, conformément aux recommandations d’un comité d’audit mis en place par le gouvernement.

La maison américaine de Mamadie Touré a été perquisitionnée par les autorités américaines en novembre 2014, qui estiment qu’elle a été acquise avec l’argent perçu par BSGR.

Le groupe australien Rio Tinto a quant à lui annoncé mercredi 30 avril 2014 avoir déposé une plainte contre son concurrent le brésilien Vale et BSGR. Une plainte dont il a été déboutée par une juridiction new-yorkaise à la fin de 2015, selon le Financial Times.

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