Pourquoi les « Panama Papers » ne choquent pas au Maroc

Selon les Panama Papers, Mohammed VI détient des sociétés offshore dans les îles Vierges britanniques. Une information qui ne déclenche pas de réactions particulières au Maroc.

Le roi du Maroc, Mohammed VI, a nommé le 7 février 2019 six nouveaux walis. © Christophe Ena/AP/SIPA

Le roi du Maroc, Mohammed VI, a nommé le 7 février 2019 six nouveaux walis. © Christophe Ena/AP/SIPA

ProfilAuteur_NadiaLamlili fahhd iraqi

Publié le 6 avril 2016 Lecture : 2 minutes.

Si ces révélations peuvent, a priori, indisposer le Palais, elles ne suscitent pas beaucoup de réactions au Maroc, la pratique de l’offshoring n’étant pas une nouveauté dans le business royal : elle a été maintes fois décortiquée dans les médias marocains et internationaux. Au cœur de ces affaires, la SNI, un fonds d’investissement présent dans le tour de table de plusieurs fleurons nationaux. Radiée de la bourse au gré d’une fusion avec sa maison-mère l’ONA, elle est en cours de désengagement des secteurs classiques de l’économie (sucre, huile, produits laitiers…) pour se repositionner sur de nouvelles niches à fort potentiel.

Dans le tour de table de la SNI, on retrouve la Siger, la société qui gère la fortune du roi Mohammed VI sous la houlette de son secrétaire particulier Mohammed Mounir El Majidi, mais aussi la Copropar, qui représente les intérêts de toute la famille royale. La Copropar est une structure détenue par quatre sociétés de participations : Providence holding SA, Unihold holding SA, Yano Participation et Star Finance. Ces sociétés qui s’emboîtent les unes dans les autres permettent aux architectes du business royal de chercher les meilleurs placements dans le monde. 

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Dérogations à titre exceptionnel

Sollicité par les journalistes travaillant sur les « Panama Papers », Me Hicham Naciri, l’avocat de Mounir El Majidi, s’est contenté de répondre à propos des sociétés offshore SMCD Limited et Immobilière Orion révélées par les Panama Papers que celles-ci « ont été créées en stricte conformité avec les lois en vigueur et leur existence est signalée dans les registres publics ».

Sa réaction n’est pas surprenante. Au Maroc, l’Office des changes, une administration chargée de réguler la circulation des devises, peut accorder des dérogations à titre exceptionnel. On ne sait pas pour qui et sur quels critères, même s’il faut reconnaître qu’il a fait des efforts ces dernières années pour faire bénéficier « Monsieur tout le monde » de la libéralisation de la circulation de la devise. À doses homéopathiques certes, mais l’ouverture est en marche. 

Le roi, au dessus des institutions

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Pourquoi les Panama Papers ne suscitent guère de scandale au Maroc ? Les raisons en sont multiples. Il y a d’abord la sacralité qui entoure la personne du roi. Au Maroc, ce dernier est au dessus de la mêlée en vertu des pouvoirs que lui confèrent la Constitution. Il est chef suprême de la Nation, garant de son unité et sa personne est inviolable. Il est au dessus des institutions du pays.

Pour autant, sa fortune ne se mélange pas avec le Budget de l’État, complètement distinct. Voté au Parlement et publié au Bulletin Officiel, ce Budget n’entretient qu’un seul lien avec la famille royale. Il paie le fonctionnement de la Cour et le salaire du roi en tant que chef de l’État (6 millions de dirhams par an). Ces dépenses ne sont pas ventilées dans le détail et sont votées par les parlementaires sans discussion. 

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