Une stratégie industrielle plus proche du terrain
Les résultats du plan de relance des activités manufacturières seront déterminants pour diversifier l’économie du Congo.
L’industrie manufacturière, qui ne représente que 4,7 % du produit intérieur brut (PIB), est le parent pauvre de l’économie congolaise. Principalement localisé à Brazzaville et dans la ville portuaire de Pointe-Noire, le tissu industriel, qui a été très endommagé lors des conflits armés des années 1997-1998, se limite à l’agroalimentaire, à la première transformation du bois, à l’industrie chimique et pharmaceutique, à la petite métallurgie, à la mécanique et à l’électronique.
Grands axes de relance
Un plan de relance de l’industrie a donc été défini dans le cadre de la politique de diversification. Il mise sur la densification du tissu des PMI et sur une plus grande transformation des ressources naturelles du pays. Deux axes sont privilégiés : le renforcement des capacités productives dans les filières prioritaires (agroalimentaire, bois et dérivés, sidérurgie, pétrochimie, chimie, matériaux de construction, métallurgie, mécanique et électronique) et celui des capacités d’appui, de gestion et de promotion du secteur.
La réussite de cette politique suppose toutefois la levée d’une série d’entraves au développement du secteur privé. Outre le manque d’infrastructures énergétiques, de transport et de télécommunications, ce dernier bute sur la question du financement et sur un environnement encore peu propice aux affaires. Malgré quelques efforts, comme la réforme du code des marchés publics, le Congo reste, en 2011, 177e sur 183 pays classés dans le dernier rapport « Doing Business » de la Banque mondiale.
Aléas cimentiers
Implantée dans la Bouenza (Sud), la Société nouvelle des ciments du Congo (Sonocc, ex-Cimenterie de Loutété), dont le capital est détenu à 56 % par la Société nationale chinoise des travaux de ponts et chaussées et à 44 % par l’État, est la seule productrice de ciment du pays. Aussi, alors que la demande nationale dépasse 700 000 tonnes par an, la décision de porter sa production annuelle à 300 000 t d’ici à 2014 (contre 100 000 t actuellement) n’est pas anodine. La Sonocc prévoit un doublement de ses ventes pour 2011, après une année 2010 décevante : 57 382 t de ciment ont été vendues, moitié moins qu’en 2009. Une baisse surtout liée à des difficultés d’acheminement. Malgré ces aléas, l’entreprise affiche un revenu d’exploitation de plus de 6 milliards de F CFA (9,15 millions d’euros) en 2010, et une marge nette de plus de 263 millions de F CFA. De quoi faire face à la construction d’une nouvelle chaîne de fabrication. M.D.
Deux conventions ont été signées avec cette dernière : l’une, d’un montant de 11 milliards de F CFA (16,8 millions d’euros), s’insère dans le Projet d’appui institutionnel pour l’amélioration du climat des affaires et la diversification de l’économie congolaise (Pacadec), et l’autre, de 2,5 milliards de F CFA, conclue conjointement avec la Banque africaine de développement (BAD), dans le Projet d’appui à la diversification économique (Pade). Des programmes qui devraient aider le Congo à rectifier le tir.
Zones spéciales
En appui à cette stratégie, l’accent est mis sur la création de zones économiques spéciales, dont les activités seront orientées vers l’exportation. Un avantage pour les entreprises qui s’y installeront puisque leurs coûts d’investissement, de financement et d’exploitation devraient être notablement réduits.
Quatre zones ont été ciblées : la sortie nord de Brazzaville, Pointe-Noire et ses environs, Oyo-Ollombo (sur les départements des Plateaux et de la Cuvette), et Ouesso-Pokola (dans la Sangha). Le projet est appuyé par un accord de financement de 10 millions de dollars (7 millions d’euros), signé en février entre le gouvernement et la Banque mondiale. En octobre 2010, un avis d’appel à manifestation d’intérêt avait déjà été lancé pour recruter un cabinet afin de réaliser l’étude de faisabilité du projet : les français Sofred Consultants et Egis International, ainsi que le russe Gazprombank Invest, ont soumissionné.
Déjà, des hommes d’affaires de l’océan Indien s’intéressent à ce projet. Des accords ont été conclus par les autorités congolaises avec le gouvernement mauricien ainsi qu’avec Singapore Cooperation Enterprise (agence gouvernementale), lors de la visite officielle du président Denis Sassou Nguesso dans les deux pays, en juillet.
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