Pragmatique, mais pas trop…
Les réformes engagées au début des années 2000 ont amélioré la productivité et le climat des affaires. L’économie rwandaise est en excellente santé. Sa dépendance à l’égard de l’aide et des investissements étrangers reste cependant son talon d’Achille.
Depuis l’engagement de sa stratégie Vision 2020, en 2001, l’économie rwandaise continue de progresser. Outre l’accroissement de la productivité, ce succès est dû aux investissements publics soutenus dans les transports aériens, et désormais routiers, dans le développement des technologies de l’information et de la communication – notamment appliquées à l’administration en ligne – et dans l’amélioration des capacités de production d’électricité.
Après une insolente croissance en 2008 (plus de 11 %), et passé les turbulences liées à la crise financière et économique mondiale qui l’ont fait retomber à 4,1 % en 2009, l’économie rwandaise s’est rapidement redressée, progressant de 7,4 % en 2010. Et les perspectives à court et moyen termes (6,5 % pour 2011, 7 % pour 2012) s’annoncent solides, portées par l’augmentation des investissements dans les secteurs clés.
Ce rapide rebond s’appuie sur le développement continu du secteur agricole, la reprise soutenue des secteurs de l’industrie et de la construction, l’expansion des activités de services, notamment dans la finance et les télécommunications, ainsi que sur l’accroissement des exportations.
Services en tête
Banque et assurances, nouvelles technologies, commerce… Ce sont désormais les services qui contribuent le plus fortement au PIB du pays (47 %). Ils ont enregistré une croissance de 10 % en 2010, notamment grâce à la relance du secteur de la finance et des assurances (dont les activités affichent une hausse de 24 %, après un recul de 4 % en 2009), du transport et de la logistique (en hausse de 9 %), du commerce de gros et de détail (8 %).
La part de l’agriculture dans le PIB du pays reste centrale (32 %). Elle a enregistré un taux de croissance de 5 % en 2010 (5 % dans la production vivrière et 14 % dans les cultures d’exportation, qui avaient accusé un déclin de 15 % en 2009). Toutefois, le secteur peine encore à trouver les capitaux d’investissement et manque de produits diversifiés pour l’exportation.
Enfin, les activités industrielles ont augmenté de 8 % en 2010, portées surtout par la hausse des activités dans le secteur de l’électricité et de l’eau (15 %, contre 14 % en 2009), de l’industrie agroalimentaire (9 %) et de la construction (9 %, contre 1 % en 2009). En revanche, les exportations minières continuent de chuter (- 11 % en 2010 et – 18 % en 2009).
Dans le même temps, l’inflation a poursuivi sa chute, avec une moyenne annuelle établie à 2,3 % en 2010, contre 10,3 % en 2009, quand les prix alimentaires avaient augmenté de plus de 20 % dans le sillage de la crise alimentaire mondiale. Elle devrait légèrement repartir à la hausse en 2011 (aux alentours de 3 % selon les estimations), compte tenu de l’augmentation des cours mondiaux du pétrole.
Initiative privée. Lancée en 2001, la stratégie du Rwanda a connu un coup d’accélérateur en 2007 grâce à l’aboutissement de ses réformes structurelles. Le pays se place en 58e position sur 183 pays classés (il occupait le 70e rang en 2010) dans le classement « Doing Business » 2011 de la Banque mondiale. Premier pays réformateur en matière de climat des affaires en 2010, il prend cette année la deuxième place dans ce domaine.
Parmi les principales réformes touchant les entreprises : la réduction du délai requis pour créer une société à vingt-quatre heures (c’est le plus court au monde), pour un coût équivalent à 8,9 % du revenu par habitant (contre 223 % en 2005), et celle du délai pour obtenir un permis de construire à trente jours (contre deux cent trente en 2005).
Résultats : dans les différentes filières, de nombreuses entreprises privées se sont développées et ont été créées. Quant aux flux d’investissements directs étrangers (IDE), ils ont été plus que décuplés entre 2004 et 2009, passant de 10,9 millions à 118,7 millions de dollars (de 8 à 83 millions d’euros d’alors).
Fragilités
En pleine croissance, l’économie rwandaise est cependant fragile, en raison de sa forte dépendance à l’extérieur : la majorité des investisseurs est d’origine étrangère et l’aide internationale représente encore un cinquième des revenus du pays. Pour 2011-2012, cette dernière devrait s’élever à 455,5 milliards de francs rwandais (plus de 517 millions d’euros, en hausse de 22,3 % par rapport à l’exercice précédent). Et, tant qu’il n’est pas parvenu à diversifier son offre à l’exportation, le Rwanda reste dépendant de la demande mondiale : le thé et le café assurent la moitié de ses recettes à l’export.
Le pays peut cependant s’enorgueillir d’avoir l’un des plus faibles niveaux d’endettement en Afrique subsaharienne, notamment grâce à l’allègement d’une grande partie de sa dette en 2005 (de près de 1,5 milliard de dollars), suivi d’une gestion rigoureuse. Selon le rapport « Perspectives économiques en Afrique », publié par la Banque africaine de développement (BAD) et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la dette extérieure du pays représentait moins de 5 % du PIB en 2010, contre une moyenne de 23 % en Afrique subsaharienne et de 26 % dans les pays de la Communauté de l’Afrique de l’Est.
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