Bénin : tout savoir sur le premier gouvernement de Patrice Talon
Le premier gouvernement du mandat du nouveau président Patrice Talon a été dévoilé mercredi. Analyse en cinq points.
1. Un gouvernement sans Premier ministre
Au Bénin, et ce depuis la conférence nationale de 1990, le poste de Premier ministre n’est pas prévu dans la Constitution. La Cour constitutionnelle a toutefois estimé en avril 1996 que « la création […] d’un poste de Premier ministre ne port[ait] pas atteinte au régime présidentiel ». Depuis 1990, il y a en eu seulement quatre : Nicéphore Soglo (12 mars 1990-4 avril 1991), Adrien Houngbédji (9 avril 1996-14 avril 1998), Pascal Iréné Koupaki (28 mai 2011-8 août 2013) et Lionel Zinsou (18 juin 2015-6 avril 2016).
Patrice Talon a choisi de s’en passer. « Nous ne commettrons pas cette erreur », nous expliquait récemment un de ses proches pour qui le poste était trop marqué du sceau de Thomas Boni Yayi.
2. Une équipe pas si resserrée que cela
Avant son investiture, Patrice Talon avait promis « un gouvernement restreint, de compétences et non de remerciements ». Vingt-et-un ministres, c’est un peu moins que le dernier gouvernement de Boni Yayi (26 membres) mais autant que pour la première équipe de l’ancien président en 2006. Une équipe resserrée mais sans plus.
3. Quelques poids lourds et des inconnus
Si les Béninois connaissent très bien Pascal Iréné Koupaki (ministre d’État, secrétaire général de la présidence de la République), Abdoulaye Bio-Tchané (ministre d’État chargé du Plan et du Développement), l’avocat Joseph Djogbenou (Garde des Sceaux), Candide Azannaï (ministre délégué à la Défense), ou encore le député Sacca Lafia (Intérieur et de la Sécurité publique), plusieurs membres de ce gouvernement sont des nouveaux venus dans le monde politique.
Romuald Wadagni, nouveau ministre des Finances avait été nommé en février responsable de l’activité audit du cabinet Deloitte pour l’Afrique francophone. Il était auparavant directeur associé du bureau de Kinshasa. Ange N’Koué vivait en France depuis 2004. Le tout nouveau ministre de la Culture et du Tourisme est un expert en inspection et vérification. Marie-Odile Attanasso (Enseignement supérieur et recherche scientifique) est une universitaire, économiste et géographe. Enfin, Delphin Koudandé (Agriculture) est également géographe de formation. Il était auparavant directeur adjoint de l’Institut national des recherches agricoles du Bénin (INRAB)
4. De nombreux proches de Patrice Talon
Il y a d’abord Joseph Djogbenou et Candide Azannaï. Les deux hommes font partie du premier cercle du nouveau président. Le premier est son avocat depuis plusieurs années. Il a également été son lien avec la société civile et l’un des organisateurs des mercredis rouges, mouvement lancé en mars 2013 pour protester contre la réforme constitutionnelle prévue par Boni Yayi. Le second, personnage sulfureux qui rêvait depuis longtemps du poste de ministre de l’Intérieur, fut secrétaire exécutif de la Renaissance Bénin (RB) et participa à l’élection de Yayi en 2006 et 2011 avant de s’en éloigner lors des législatives d’avril 2015. Un conflit ouvert entre lui et le président éclata même à l’occasion de ce scrutin.
Sacca Lafia (premier vice-président de l’Assemblée nationale) fut le directeur de campagne de Patrice Talon et l’un de ses premiers soutiens, bien avant qu’il ne soit officiellement candidat. Oswald Homeky (ministre des Sports) fut en 2014 président du groupe de presse Fraternité. Il a participé au comité d’organisation stratégique de la campagne de Talon. Président du Front pour l’alternance 2016, il mobilisait depuis des mois pour sa candidature.
Lazare Sehoueto (ministre de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat), Adidjatou Mathys (nommée ministre du Travail, de la Fonction publique et des Affaires sociales) ont activement participé à la campagne du nouveau président. Enfin, Aurélien Agbenonci, qui a occupé plusieurs fonctions aux Nations unies, notamment comme représentant du Pnud en Centrafrique, a fait parti des personnes consultées avant la rédaction du projet de société.
5. Des anciens ministres de Yayi
Ils sont cinq à avoir exercé la fonction de ministre lors des deux mandats de Boni Yayi entre 2011 et 2016. Outre Koupaki, Premier ministre pendant plus de deux ans, Sacca Lafia fut ministre de l’Énergie de 2007 à 2011, Candide Azannaï fut ministre de l’industrie et porte-parole du gouvernement jusqu’en mai 2011, Alassane Seidou (nommé à la Santé) fut ministre de la Décentralisation de la Gouvernance locale, de l’Administration et l’Aménagement du territoire de 2008. Enfin, Alayi Adidjatou Mathys fut ministre de l’Économie et des Finances lors du dernier mandat de Yayi. Accusée d’avoir favorisée Patrice Talon dans l’affaire du contrat PVI du port de Cotonou, elle fut débarquée en 2012 avant militer pour la candidature du nouveau président au sein d’une association de femmes.
Lazare Sehoueto (nommé à l’Industrie, au Commerce et à l’Artisanat) et Abdoulaye Bio-Tchané ont eux été ministres sous Mathieu Kérékou.
La présence de ses anciens ministres a été critiquée dans la presse béninoise.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Politique
- Sextapes et argent public : les Obiang pris dans l’ouragan Bello
- À Casablanca, la Joutia de Derb Ghallef en voie de réhabilitation
- Présidentielle en Côte d’Ivoire : la stratégie anti-fake news d’Alassane Ouattara
- En RDC, la nouvelle vie à la ferme de Fortunat Biselele
- Gabon : 10 choses à savoir sur la première dame, Zita Oligui Nguema