Chine : le billet rouge gagne en crédit
L’internationalisation de la monnaie chinoise sera à l’ordre du jour du prochain G20. Mais déjà, des pays comme le Nigeria misent sur le yuan comme futur concurrent du dollar et de l’euro.
Le yuan, monnaie de référence de la planète : vue de l’esprit ou évolution inéluctable ? Ce qui est sûr, c’est que l’internationalisation de la monnaie de la deuxième économie mondiale est en marche. À la suite de la visite éclair de Nicolas Sarkozy à Pékin, le 25 août, un groupe de travail franco-chinois doit être mis en place d’ici au prochain G20, prévu début novembre à Cannes (France), pour favoriser l’entrée du yuan dans le panier des devises composant les droits de tirage spéciaux, la monnaie virtuelle du Fonds monétaire international (FMI) – basée actuellement sur le dollar, l’euro, la livre sterling et le yen. La France veut tracer avec la Chine « un sentier pour faire du yuan une monnaie internationale librement convertible, dont l’usage refléterait son ouverture commerciale et son poids économique », a indiqué à Pékin le ministre français de l’Économie, François Baroin.
Nigeria, une longueur d’avance
Autre signe : le Nigeria vient d’annoncer qu’il convertirait en yuans, d’ici à la fin de l’année, de 5 % à 10 % de ses 33 milliards de dollars (environ 24 milliards d’euros) de réserves de change, aujourd’hui libellées en dollars, en euros, en francs suisses et en livres sterling. « Compte tenu de l’importance économique de plus en plus grande de la Chine dans le monde et de la croissance des flux d’échanges entre nos deux pays, cette initiative vise à assurer un avantage stratégique au Nigeria dans le cadre de ses relations économiques et commerciales avec la Chine », s’est justifiée la Banque centrale de Lagos dans un communiqué. De passage à Pékin début septembre, son gouverneur, Lamido Sanusi, a enfoncé le clou : « Le yuan va inévitablement devenir une monnaie de réserve mondiale. Nous sommes ravis d’être le premier pays africain à franchir cette étape. Le yuan est déjà échangé dans les rues du Nigeria, ce qui montre que le marché est en avance sur nous et que nous ne faisons que le rattraper. »
Sous-estimation
L’exemple nigérian apporte-t-il de l’eau au moulin des économistes qui proposent d’élargir l’assise du franc CFA à un panier de devises qui comprendrait la monnaie chinoise ? Difficile à dire. « La Chine commencera son programme en ciblant des partenaires africains qui sont d’importantes destinations pour ses exportations, des poids lourds régionaux qui ont des marchés financiers matures : d’abord le Nigeria et l’Afrique du Sud, ensuite le Kenya, puis l’Angola et le Ghana », relève une étude de Standard Bank sur le sujet. En août, un rapport de la Banque mondiale confirmait la tendance : le yuan pourrait devenir, d’ici à 2025, une devise mondiale majeure, avec le dollar et l’euro.
Mais où en sont véritablement les Chinois ? Avec l’internationalisation de sa monnaie, Pékin, qui a des réserves de plus de 3 000 milliards de dollars, peut réduire son exposition aux devises étrangères – et notamment au billet vert. En outre, la sous-évaluation actuelle du yuan nourrit l’inflation. Les arguments ne manquent donc pas, mais des réformes restent à mener pour libéraliser sans restriction la monnaie chinoise et les flux de capitaux en yuans. Le 8 septembre, le Quotidien d’information économique, de l’agence de presse Chine nouvelle, a indiqué que le yuan serait « totalement convertible » à l’issue du plan quinquennal du secteur financier (2011-2015). « Ce plan ne définit pas de calendrier clair pour la convertibilité », a tempéré, le même jour, Zhou Xiaochuan, le gouverneur de la Banque populaire de Chine.
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