Yves de Talhouët : « Hewlett-Packard va ouvrir dix nouveaux bureaux en Afrique »

Le groupe américain veut se retirer de la fabrication d’ordinateurs pour se concentrer sur les infrastructures, les services et les logiciels. Des marchés très prometteurs sur le continent. Explications avec Yves de Talhouët, patron de HP en charge de la zone Europe, Moyen-Orient et Afrique.

Julien_Clemencot

Publié le 27 septembre 2011 Lecture : 4 minutes.

Depuis septembre, Hewlett-Packard, le premier producteur mondial d’ordinateurs vit une mutation profonde : il se sépare de son activité de fabrication de PC pour se concentrer sur les services et l’édition de logiciels. Une révolution stratégique qui s’accompagne, en Afrique, par l’ouverture en cascade de dix nouvelles implantations. La raison ? « Sur les dix économies les plus dynamiques au monde, on s’aperçoit que sept sont en Afrique », explique le patron de Hewlett-Packard (HP), Yves de Talhouët, en charge de la zone Europe, Moyen-Orient et Afrique.

Jeune Afrique : En septembre, HP a annoncé sa volonté de se séparer de son activité de fabrication de PC. Pour quelle raison ?

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Yves de Talhouët : En 2010, le groupe a réalisé un chiffre d’affaires de 126 milliards de dollars [96 milliards d’euros, NDLR]. Concernant la décision de nous séparer de la division PC, le conseil d’administration estime que, si cette activité est autonome, elle sera plus réactive et pourra croître avec plus de dynamisme. L’idée est de créer une entité à part, sans la céder à un autre fabricant. Restera au sein de HP un ensemble de produits et de services qui représente tout de même plus de 80 milliards de dollars de revenus, incluant le matériel d’impression, les équipements destinés aux entreprises [réseaux, serveurs…], les services [maintenance…] et la partie logiciels, en forte augmentation.

Quelle place occupe l’Afrique dans votre stratégie de développement ?

Nous avons au sein de HP une organisation spécifique qui observe les soixante économies les plus dynamiques au monde et s’assure que nous prenons les mesures adéquates pour profiter des bons relais de croissance. Si on se focalise sur les dix premiers pays, on s’aperçoit que sept sont en Afrique. Et on constate non seulement que le continent possède les taux de croissance les plus importants, mais en plus que, sur les cinq à dix ans qui viennent, les besoins sont énormes. C’est la raison pour laquelle nous annonçons l’ouverture de dix nouveaux bureaux en plus des sept déjà existants. Ainsi, nous estimons que nous couvrirons 80 % du potentiel de croissance du continent.

Le choix de s’implanter dans tel ou tel pays répond donc à une analyse macroéconomique ?

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Pour décider de l’ouverture d’un bureau, nous regardons la taille du marché, sa croissance, son potentiel et la manière dont il est couvert par les implantations existantes. L’ambition de HP est d’accompagner la croissance du marché de la technologie en Afrique, qui devrait être de 8 % tous les ans pendant les trois prochaines années. Dans les dix pays dans lesquels HP ouvre un bureau, la croissance annuelle du marché de la technologie est de 10 %. Par ailleurs, nous avons l’avantage d’avoir une offre concentrée sur les infrastructures et les services de base, et qui est particulièrement adaptée aux besoins des pays africains. 

« Notre idée est de recruter dès le départ des collaborateurs locaux.« 

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Les États font donc partie de vos principaux clients ?

Effectivement, nous entretenons un dialogue soutenu avec les acteurs publics, qui gèrent des budgets informatiques importants et ont besoin d’être plus efficaces en matière de collecte des impôts, de fonctionnement des systèmes de santé… Les industries locales sont également au cœur de nos préoccupations. Mais une partie importante de notre chiffre d’affaires passe par nos partenaires revendeurs ou intégrateurs [de solutions et de matériels HP]. Sans oublier les multinationales, que nos équipes suivent sur l’ensemble de leurs implantations dans le monde. C’est le cas du secteur pétrolier avec Total, BP, Shell, mais aussi avec les compagnies qui leur vendent des services, comme Schlumberger ou Technip. Nous accompagnons également un certain nombre de banques marocaines et françaises dans leur développement continental, sans oublier les grosses sociétés américaines, comme Coca-Cola ou Caterpillar.

Quelle sera la part d’Africains dans vos équipes ?

Notre idée est de recruter dès le départ des collaborateurs africains. Dans nos bureaux les plus anciens, comme le Maroc et la Tunisie, les équipes sont composées de locaux à plus de 95 %. Par ailleurs, dans les nouveaux pays comme le Ghana, le Sénégal ou le Congo-Brazzaville, nous contactons les universités pour participer de manière active à l’élaboration des cursus en informatique. À terme, l’objectif est de faire en sorte que nous, mais aussi l’ensemble du secteur informatique, puissions trouver des ingénieurs répondant aux besoins du marché. Cela passe par la mise à disposition de matériel et de compétences, mais aussi par l’engagement de recruter parmi les diplômés de ces formations. C’est l’illustration de notre volonté d’être présent sur ces marchés de manière pérenne.

Avez-vous une stratégie d’innovation propre à l’Afrique ?

Tout à fait, plus au travers de l’élaboration d’applications sur mesure que via la fabrication de matériels spécifiques. Par exemple au Sénégal, en créant une plateforme de gestion des cours à distance, ou au Ghana et en Ouganda, en mettant à disposition de la population, via le téléphone mobile, un service pour vérifier la provenance des médicaments.

Comment considérez-vous l’effervescence autour du cloud computing ?

C’est un domaine très intéressant. Le cloud computing [qui consiste à délocaliser via internet des traitements informatiques habituellement situés sur des serveurs locaux], c’est la possibilité pour les clients d’accéder à plus de puissance informatique sans avoir besoin d’acheter leurs propres ordinateurs.

Si on fait un parallèle avec l’électricité, cela revient à construire une centrale. Vous n’en construisez pas une par entreprise. On peut imaginer une centrale informatique par pays ou par groupe de pays, qui serait mise à disposition des entreprises, voire des administrations. Il y a des initiatives sur lesquelles nous discutons avec les gouvernements et les institutions parapubliques. Dans le domaine du cloud computing, nous travaillons avec beaucoup d’opérateurs télécoms qui veulent eux-mêmes proposer ce type de services à leurs clients.

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