L’âge de l’aluminium

Le Cameroun fera bientôt son entrée dans le club des producteurs de bauxite, dont l’exploitation et la transformation pourraient devenir sa source de revenus la plus importante.

CECILE-MANCIAUX-2024

Publié le 29 septembre 2011 Lecture : 3 minutes.

Avec quatre grands gisements identifiés, soit environ 1 milliard de tonnes, le Cameroun dispose des 6e réserves mondiales de bauxite, les premières étant en Guinée, d’où est actuellement importée la plus grande partie de l’alumine traitée par l’usine d’Alucam à Édéa (lire p. 85).

Selon les travaux d’exploration menés de 2008 à 2010, les gisements situés à Minim-Martap et Ngaoundal, dans l’Adamaoua, sont estimés à plus de 700 millions de tonnes de bauxite, exploitables sur soixante ans. Le lancement de l’extraction, prévu d’ici à 2015, marquera l’entrée du Cameroun dans le club des pays producteurs de bauxite, avec 4 millions de tonnes par an dans un premier temps et 8,5 millions de tonnes par an à terme.

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Nouveaux actionnaires

L’État a installé, le 24 août, le comité de coordination et de suivi relatif au développement du projet et à l’exploitation de ces gisements par Cameroon Alumina Limited (CAL). Celui-ci doit élaborer, d’ici à fin septembre, un projet de convention qui sera soumis au gouvernement.

Dans un premier temps, la production s’élèvera à 4 millions de tonnes par an.

Cameroon Alumina est une filiale à 100 % d’Hydromine Global Mineral (HGM), coentreprise entre l’Américain Hydromine Inc., porteur du projet d’exploration initial, qui ne détient plus que 10 % du capital, le groupe indien Hindalco Industries Limited (45 %) et le géant émirati Dubai Aluminium Company (Dubal, 45 %).

A ciel ouvert

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Le consortium prévoit d’investir plus de 2 000 milliards de F CFA (3,1 milliards d’euros), dont 45 milliards pour la construction de la mine à ciel ouvert et 227 milliards pour celle des 800 km de voie ferrée qui permettront d’acheminer la bauxite vers le futur port en eau profonde de Kribi (lire pp. 82-83).

CAL envisage en outre de consacrer 1 700 milliards de F CFA à la construction d’une usine de raffinage d’alumine (d’une capacité de 1,5 million de tonnes/an, étendue à 3 millions de tonnes/an dans une seconde phase), à Kribi également, le code minier camerounais contraignant désormais les exploitants à transformer sur place au moins 15 % de leur production.

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D’autres gisements sont en cours d’exploration, à Fongo-Tongo (Ouest) et à Banguem (Sud-Ouest), où les réserves estimées sont, respectivement, de 46 millions et 19 millions de tonnes. Une manne qui, à moyen terme, selon les experts, devrait faire du minerai et de sa transformation la plus importante source de revenus du pays, avant les hydrocarbures.

Cameroun : Alucam change de braquet

Numéro un de l’aluminium primaire dans la sous-région, l’entreprise va tripler la capacité de son usine d’Édéa.

Troisième firme exportatrice du pays, la compagnie Aluminium du Cameroun (Alucam), fondée en 1957, emploie 1 000 personnes et génère plus de 1 300 emplois indirects, notamment au sein de ses dizaines de sous-traitants et de fournisseurs locaux. Leader de la production d’aluminium primaire (mis en lingots à partir du minerai de bauxite) dans la sous-région, l’entreprise repose sur un partenariat entre l’État (46,7 % du capital) et le géant anglo-australien Rio Tinto Alcan (46,7 %), auxquels sont associés l’Agence française de développement (5,5 %) et le personnel de la société (1,1 %).

En plus des lingots d’aluminium qui sortent de son usine d’Édéa, à 60 km au sud de Douala, Alucam a également développé les activités aval de la filière à travers deux filiales : la Société camerounaise de transformation de l’aluminium (Socatral, également basée à Édéa), spécialisée dans la production de feuilles de tôle, et Alubassa (à Douala), qui fabrique principalement des ustensiles de cuisine.

Ses activités étant particulièrement énergivores, Alucam travaille en partenariat avec les autorités camerounaises pour le développement du potentiel hydroélectrique (lire p. 81). Compte tenu des pénuries d’électricité, la production de la société a été de 63 000 tonnes d’aluminium en 2010 (95 000 t en 2009), soit 15 % en deçà des prévisions, mais l’entreprise maintient son chiffre d’affaires (environ 150 milliards de F CFA) et conserve l’objectif de porter la production à 300 000 t d’ici à 2015, grâce à la mise en service de nouvelles unités d’électrolyse. Un investissement d’environ 900 milliards de F CFA, qui portera ses besoins en électricité de 150 MW actuellement à 500 MW. Armelle Nya, à Douala

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