Cameroun : à la santé de la filière café-cacao

Semences gratuites, encadrement des planteurs, nouveaux outils de financement… Après des années de baisse de la production, l’État camerounais souhaite dépoussiérer le secteur, qui mobilise 600 000 exploitants.

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Publié le 29 septembre 2011 Lecture : 3 minutes.

Cette tendance positive s’appuie notamment sur le soutien du gouvernement, qui voudrait porter la production de fèves de cacao à 280 000 t par an d’ici à 2015. Les autorités initient ou appuient plusieurs projets destinés à ramener le Cameroun dans le peloton de tête des producteurs mondiaux (il occupe actuellement la cinquième place). Elles ont favorisé le déploiement de conseillers agricoles sur le terrain pour encadrer les planteurs, accordé des facilités aux fournisseurs d’engrais, défiscalisé des intrants agricoles pour les rendre plus accessibles aux paysans, renforcé le contrôle des opérations de commercialisation, incité les jeunes à créer de nouvelles plantations…

Un verger vieillissant

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De son côté, la Société de développement du cacao (Sodecao), organisme public qui encadre les planteurs, a lancé depuis 2006 un programme de production et de distribution de plants améliorés. L’objectif est d’en fournir 6 millions par an, soit la quantité nécessaire pour créer 5 000 ha de nouvelles exploitations modernes. Une façon de remédier au vieillissement du verger cacaoyer (d’une superficie estimée à 400 000 ha) : près de la moitié des plantations ont plus de quarante ans.

Le Cameroun veut redevenir la puissance agricole continentale qu’il fut pendant les décennies d’euphorie qui ont précédé l’effondrement des cours mondiaux des produits de base agricoles. La chute des prix a poussé les producteurs à se tourner vers d’autres cultures d’exportation, plus payantes, faisant ainsi diminuer les volumes. La production du café, tout particulièrement, a connu des hauts et des bas ces vingt dernières années. Selon l’Organisation internationale du café, après un pic de 132 000 t en 1986, elle a sombré à 24 360 t en 1994. En 1999, elle est remontée à plus de 82 000 t, pour s’établir aux alentours de 45 000 t en 2010. Pour laisser les années noires derrière elle, la filière est en plein plan de relance. D’ici à 2015, le gouvernement espère porter la production à 125 000 t. Au programme : la réhabilitation des anciennes plantations, la création de routes et d’un système d’information du marché destiné aux producteurs. L’État veut ainsi « transformer un système de subsistance en un système professionnel et durable, économiquement bénéficiaire pour tous », selon Luc Magloire Mbarga, le ministre du Commerce.

« Nous voulons transformer un système de subsistance en un système professionel. »

La création de la Cameroon Rural Financial Corporation (Carfic) et de la Banque camerounaise des PME est l’une des initiatives les plus représentatives de cette nouvelle vision. Ces banques ont tenu leur première assemblée générale début juin 2011, à Yaoundé. Dotées d’un capital de 10 milliards de francs CFA (15,2 millions d’euros) chacune, elles devront remédier à l’insuffisance de financements qui handicape le développement rural. La signature, en 2008, d’une convention de financement de 5,6 milliards de F CFA entre le Fonds de développement des filières cacao et café (Fodecc, créé en 2006) et le ministère de l’Agriculture et du Développement rural s’inscrit aussi dans cette logique de relance de la production.

La filière café-cacao, qui mobilise quelque 600 000 producteurs, représente près de 30 % des exportations directes non pétrolières et génère plus de 100 milliards de F CFA de revenus annuels. Six millions de personnes bénéficient de manière directe ou indirecte de ses activités. L’embellie qui touche les prix du cacao – vendu plus de 1 500 F CFA le kilo dans certaines régions du pays en juillet, selon l’ONCC – va contribuer largement au recul de la pauvreté en milieu rural.

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