Cameroun : un marché de plus en plus « bankable »

Au Cameroun, la concurrence entre établissements est de plus en plus vive. Si les multinationales restent en tête, les groupes africains investissent le terrain et les acteurs nationaux se renforcent.

Clarisse

Publié le 29 septembre 2011 Lecture : 3 minutes.

Ecobank, le nigérian United Bank for Africa (UBA) et son compatriote Skye Bank – entré sur le marché camerounais en juillet -, ou encore le marocain Attijariwafa Bank, premier groupe bancaire et financier du Maghreb, qui est devenu actionnaire majoritaire de la Société camerounaise de banque (SCB, ex-filiale du Crédit agricole) en avril et compte doubler le nombre d’agences (de 17 à 35) en deux ans… Les établissements africains ne cessent de gagner des parts de marché en proposant des produits innovants, diversifiés, adaptés aux entreprises et aux particuliers, encore sous-bancarisés.

Douala, première étape

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Parmi les nouveaux arrivants figure le gabonais BGFI Bank. Déjà présent dans une demi-douzaine de pays, le premier groupe de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) a démarré ses activités à Douala en mars et prévoit d’ouvrir quatre agences d’ici à début 2012. De la gestion d’actifs à l’immobilier, BGFI Bank Cameroun entend déployer une offre de produits à destination des particuliers aisés, des institutionnels et des grandes entreprises, en prêtant une attention particulière au financement des PME-PMI. Son objectif : pénétrer le marché de la sous-région via la capitale économique camerounaise, qui concentre plus du tiers des ressources de la zone Cemac. Non sans relever quelques défis, comme celui de répondre aux demandes de crédit dans un délai de sept jours ouvrés pour les particuliers et de quinze pour les entreprises. D’autres groupes, notamment nigérians et sud-africains, ont déposé les demandes d’agrément auprès de la Cobac pour s’installer au Cameroun.

Les taux d’intérêt sur les crédits sont bas : 4%, contre 9% au Nigeria, chez UBA.

Dans ce contexte concurrentiel, les banques nationales – notamment Afriland First Bank, Commercial Bank-Cameroun (CBC) et National Financial Credit Bank (NFC Bank) – se développent également. La première d’entre elles, Afriland First Bank, occupe le troisième rang du marché national, avec un total de bilan de 504 milliards de F CFA (plus de 768 millions d’euros) en 2010, un résultat net de 4,2 milliards de F CFA et un capital de 15,8 milliards de F CFA (contre 12,5 milliards en 2009). Sur le plan des dépôts, elle devance, avec 458 milliards de F CFA, la Société générale de banques au Cameroun (SGBC, 398 milliards de F CFA), mais se classe derrière la Banque internationale du Cameroun pour l’épargne et le crédit (Bicec, 468 milliards de F CFA).

Professionnalisation

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Par ailleurs, les banques nationales qui avaient été placées sous administration provisoire de la Cobac reprennent de la vigueur, traduisant une plus grande professionnalisation du secteur. C’est le cas de CBC, redressé grâce au soutien de l’État, qui souhaitait que les entreprises publiques restent dans sa clientèle.

De quoi inquiéter les filiales des groupes occidentaux, qui restent cependant dominantes sur le premier marché bancaire d’Afrique centrale : 540,8 milliards de F CFA de total de bilan pour la première, Bicec (groupe Banque populaire Caisse d’épargne, BPCE), et 457,2 milliards de F CFA pour SGBC (groupe Société générale).

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Quelques-unes, à l’image de l’anglaise Standard Chartered Bank et de l’américaine Citibank, très spécialisées, n’interviennent pas dans la banque de détail, et la plupart, SGBC en tête, se battent pour avoir dans leur portefeuille les rares multinationales présentes sur le territoire, délaissant quelque peu les PME-PMI. Une brèche dans laquelle s’engouffrent – prudemment toutefois – les banques nationales et africaines : en 2010, Afriland First Bank a octroyé 335 milliards de F CFA de crédits, devant Bicec (306 milliards) et SGBC (279 milliards).

Résultat de la vive compétition entre établissements, les taux d’intérêt sur les crédits sont les plus bas de la région. Une donnée qui explique que seules les banques implantées dans plusieurs pays puissent réussir au Cameroun, où les clients sont jugés particulièrement exigeants… et les marges particulièrement faibles. UBA explique ainsi qu’il pratique des taux d’intérêt pour les entreprises différents selon le pays : 4 % au Cameroun, contre 9 % au Nigeria. Une politique qui a une influence positive sur le développement et la modernisation des sociétés camerounaises.

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