Carte : que dit la législation sur l’alcool au volant dans les pays du Maghreb ?

Depuis quelques années, la conduite en état d’ivresse est l’objet de réglementations spécifiques au Maroc, en Algérie et en Tunisie. Résultat inavoué de l’augmentation de la population des buveurs dans des pays où la consommation d’alcool demeure encore un tabou.

Les pays du Maghreb durcissent leurs contrôles pour prévenir les accidents de la route, souvent dramatiques (images d’illustration). © AP/SIPA

Les pays du Maghreb durcissent leurs contrôles pour prévenir les accidents de la route, souvent dramatiques (images d’illustration). © AP/SIPA

ProfilAuteur_NadiaLamlili

Publié le 8 avril 2016 Lecture : 3 minutes.

Dans un décret publié le 8 mars, la Tunisie a abaissé le seuil de l’alcoolémie tolérée pendant la conduite. Ce dernier est passé de 0,5 à 0,3 gramme par litre de sang dans le but de limiter les accidents de la route. « Même si on ne dispose pas de chiffres spécifiques sur les accidents dus à l’alcool au volant, nous constatons leur augmentation, surtout dans la catégorie des jeunes conducteurs », indique Imed Touil, membre du bureau de l’Association tunisienne de prévention routière (ATPR).

Chaque année, les routes tunisiennes tuent plus de 1 500 personnes. Près de 60% des décès enregistrés sont des jeunes âgés entre 15 et 39 ans. Quand on sait que depuis plus de dix ans, la Tunisie est le premier consommateur d’alcool d’Afrique du Nord, devant l’Algérie, le Maroc et l’Égypte, on comprend pourquoi les autorités cherchent à durcir les contrôles de l’ivresse au volant. 

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Les alcootests ne sont pas utilisés partout au Maghreb

Dans les faits, le taux de 0,3 g/l équivaut à la consommation d’un verre de vin standard. Mais il reste supérieur au 0,2 g/l imposé en Algérie et au Maroc, qui connaissent les mêmes problèmes d’alcool au volant, ce qui les obligent à durcir les sanctions et à prévoir des alcootests afin de prévenir les accidents. 

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En Tunisie et en Algérie, même si ces alcootests sont prévus par la loi, ils ne sont pas encore utilisés, ou très rarement, pour des raisons logistiques. « L’acquisition de ces instruments nécessite le lancement d’appels d’offres pour leur importation, puis leur répartition sur tout le territoire sans oublier la formation de tous les agents de la circulation », explique un expert dans le domaine de la sécurité routière. Dans les deux pays, les contrôles se font donc très souvent « au jugé ». Les conducteurs soupçonnés d’ivresse sont conduits au poste de police ou, dans des cas d’accidents mortels, dans un laboratoire pour mesurer leur taux d’alcoolémie.

En revanche, au Maroc, où les routes tuent plus de 3 500 personnes par an, les alcootests sont en voie d’être généralisés sur tout son territoire. Prévus dans le Code de la route de 2010, le Maroc a commencé à les utiliser en 2014 d’abord dans les grandes villes, plus précisément sur les grands artères menant vers les lieux de restauration et les bars. Il s’agit de contrôles ciblés qui se font surtout en fin de semaine et au moment des grandes fêtes.

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« Dans un premier temps, l’agent de circulation invite le conducteur à souffler dans un embout relié à un appareil électronique qui mesure le taux d’alcoolémie. Si ce dernier atteint ou dépasse le seuil toléré de 0,2 g/l, il recourt alors à l’éthylomètre qui donne la mesure exacte et immédiate du taux d’alcool », explique Azeddine Chahidi, chef de la Division de la sécurité routière au ministère des Transports.

Alcool : interdit au Maroc, autorisé en Algérie et en Tunisie

Pour autant, les chiffres officiels ne font pas ressortir les cas de décès dus à la conduite en état d’ébriété. Au Maroc, l’alcool reste un sujet tabou. Selon la loi, sa consommation est interdite pour les Marocains contrairement aux cas de la Tunisie et de l’Algérie, deux pays où elle est complètement libre. « Vivons heureux, buvons cachés » est la règle dans le royaume chérifien. Mais les accidents de la circulation dus à l’alcool sont devenus tellement récurrents que les autorités marocaines étaient acculées à adopter une législation spécifique pour l’ivresse au volant, heurtant les islamistes et autres gardiens du temple de la vertu dont certains avaient qualifié cette législation « d’oeuvre du diable ».

« Au moment de l’élaboration du Code de la route, nous étions devant un vrai dilemme : fallait-il imposer des alcootests au risque de se mettre en porte-à faux avec la loi anti-alcool ou ne rien faire du tout et fermer les yeux sur une des causes derrière l’augmentation des accidents de la route », confie un responsable marocain. Le bon sens l’a finalement emporté

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