Football : Mohamed Bradja (Troyes), l’exception maghrébine de la Ligue 1

Les départs successifs de Jean-Marc Furlan puis de Claude Robin l’ont propulsé sur le devant de la scène. L’ancien international algérien Mohamed Bradja, accompagné de deux autres techniciens, dirige Troyes, au moins provisoirement. Et il est le premier nord-africain à assurer cette charge au plus haut niveau depuis Kader Firoud.

Mohamed Bradja est dans le club de Troyes depuis 1988. © estac.fr

Mohamed Bradja est dans le club de Troyes depuis 1988. © estac.fr

Alexis Billebault

Publié le 8 avril 2016 Lecture : 2 minutes.

Pour quelqu’un qui n’a jamais recherché la lumière, c’est raté. Troyes a beau occuper la dernière place du classement en Ligue 1 et préparer son retour à l’étage inférieur, Mohamed Bradja (46 ans) est dans les projecteurs. Au mois de février dernier, Claude Robin, qui avait succédé à Jean-Marc Furlan deux mois plus tôt, a à son tour été remercié. Et Daniel Masoni, le président de l’ESTAC, a bombardé en première ligne Bradja, accompagné de Michel Padovani et d’Olivier Tingry.

Depuis Kader Firoud, né à Oran, international français (6 sélections entre 1951 et 1952) puis entraîneur notamment à Nîmes, Toulouse et Montpellier [il a dirigé 782 matches de Ligue 1, NDLR], aucun Maghrébin n’avait occupé cette fonction au plus haut niveau.

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Première sélection avec l’Algérie contre la France

Ce n’était pas la vocation de Bradja. Né à Troyes de parents originaires d’Oran, l’ancien défenseur n’a jamais quitté l’Aube, hormis pour un court séjour à Valenciennes (1986-1988), « car il n’y avait pas de centre de formation dans ma ville. Je suis revenu au club et je ne l’ai plus quitté. D’abord en tant que joueur (1988-2003), puis en tant qu’adjoint. Sincèrement, je n’ai jamais envisagé un départ. Je suis d’ici, j’y ai mes amis, je suis très attaché au club que j’ai vu grandir et se construire et passer des divisions amateurs au monde professionnel », explique celui qui a disputé jusqu’à présent 73 matches en Ligue 1 et 67 en L2.

Le foot français n’est pas raciste, il faut cesser de voir le mal partout. Moi, en tant que Maghrébin, je ne l’ai jamais ressenti

Cette fidélité, suffisamment rare pour être ignorée, lui permettra de devenir international algérien sur le tard (10 sélections), à presque 32 ans, lors d’un France-Algérie (4-1) disputé en octobre 2001 au Stade de France et qui n’était pas allé jusqu’à son terme à cause des incidents provoqués par des supporters des Fennecs. « Je me rappelle que dans le vestiaire, nous étions, abattus, choqués. On ne comprenait pas pourquoi ces personnes avaient envahi le terrain et gâché la soirée, alors que ce match devait être une fête. »

« Je n’ai jamais voulu quitter Troyes »

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Cette sinistre première rencontre entre les deux sélections précèdera la fin de sa carrière, un an et demi plus tard. « Alors que j’étais encore joueur, on m’a proposé d’intégrer le staff, ce que j’ai fait. J’ai été l’adjoint de beaucoup d’entraîneur (Hadzibegic, Troch, Remy, Furlan, Robin), en ayant plusieurs missions. Mais je n’ai jamais voulu devenir entraîneur numéro 1. C’est un poste où il faut savoir accepter les risques, les critiques. Et puis, si j’avais eu cette envie, j’aurais dû quitter Troyes. »

Et selon lui, le football français, agité ces dernières par les polémiques nées de l’affaire des quotas (2011) ou des déclarations sur les footballeurs africains de Willy Sagnol, l’entraîneur de Bordeaux (2014), « n’est pas raciste. Il faut cesser de voir le mal partout. Certaines phrases étaient peut-être maladroites. Moi, en tant que Maghrébin, je n’ai jamais ressenti de racisme, de stigmatisation. Je n’ai jamais été moins bien payé parce que je suis arabe ! »

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À la fin de la saison, à un an du terme de son contrat, Bradja redeviendra sans doute l’adjoint du nouvel entraîneur que Masoni chercherait avec insistance. En se tenant prêt à dépanner une nouvelle fois, au cas où…

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