Algérie : visite sous tension de Manuel Valls à Alger

Le Premier ministre français, Manuel Valls, se rend en Algérie samedi dans un contexte délicat. Alger est remonté contre la France suite au scandale des « Panama Papers » qui a éclaboussé certains de ses responsables et a refusé le visa à un journaliste du Monde ainsi qu’à une équipe de l’émission « Le Petit Journal », censés couvrir cette visite.

Le Premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal, et son homologue français, Manuel Valls, le 4 décembre 2014 à Matignon. © Michel Euler / AP / SIPA

Le Premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal, et son homologue français, Manuel Valls, le 4 décembre 2014 à Matignon. © Michel Euler / AP / SIPA

ProfilAuteur_NadiaLamlili

Publié le 8 avril 2016 Lecture : 2 minutes.

À partir du samedi 9 avril, le Premier ministre français, Manuel Valls, entame une visite de deux jours en Algérie pour participer au troisième comité interministériel de haut niveau.

Accompagné par une dizaine de ministres dont Emmanuel Macron, ministre de l’Économie, Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Éducation nationale, Audrey Azoulay, ministre de la Culture et Marisol Touraine, ministre de la Santé, il atterrira à Alger samedi soir et aura un dîner officiel avec le Premier ministre Abdelmalek Sellal, selon le service de presse de Matignon joint par Jeune Afrique.

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Dimanche, Manuel Valls assistera à la cérémonie de dépôt de gerbes au monument des Martyrs et présidera, avec son homologue algérien, les travaux du comité interministériel de haut niveau, un forum d’échanges créé lors de la visite de François Hollande en 2012.

Entretien avec Bouteflika ?  

Un des moments forts – mais aussi délicats – de cette visite devrait être son entretien, non encore confirmé, avec le président Abdelaziz Bouteflika, qui a le plus grand mal à parler depuis son AVC de 2013. D’autant que les relations entre la France et l’Algérie traversent une zone de turbulence depuis la divulgation du scandale des « Panama Papers » qui a éclaboussé le ministre de l’Industrie et des Mines, Abdeslam Bouchouareb, et même le président Bouteflika (sa photo figurait parmi les dirigeants mis en cause sur la une du journal Le Monde). Ce 8 avril, les autorités algériennes ont refusé le visa à un journaliste du Monde, censé couvrir la visite de Manuel Valls. L’équipe de l’émission française « Le Petit Journal » de Canal+, qui a déjà réalisé plusieurs reportages satiriques sur le président algérien, s’est vue, elle aussi refusé le fameux visa. 

Dénonçant « une campagne fallacieuse et hostile » à l’égard de l’Algérie, le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a convoqué l’ambassadeur de France à Alger, exigeant que les autorités françaises prennent une position claire sur cette campagne.

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Le 7 avril devant l’Assemblée nationale algérienne (APN), le ministre Abdeslam Bouchouareb en a rajouté une couche en démentant toute implication dans l’affaire des « Panama Papers « , estimant être visé par « des lobbies qui ont des intérêts en Algérie parce qu’il a fermé les portes devant eux », sans pour autant préciser sa pensée. En sa qualité de ministre de l’Industrie, Bouchouareb a une autorité politique sur les intérêts économiques français en Algérie. De quoi embarrasser les ministres français lors de leur visite. 

Sahara, la France mise au pied du mur

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Derrière cet embarras de part et d’autre, il n’y a pas uniquement les « Panama Papers ». De plus en plus, l’Algérie affiche son mécontentement en raison du soutien de la France au Maroc sur le dossier du Sahara, signalant qu’elle a remis ce sujet de discorde ultrasensible, vieux de 40 ans, au cœur de son agenda diplomatique avec Paris.

La question du Sahara a toujours été éludée dans les négociations entre la France et l’Algérie, les deux pays préférant capitaliser sur d’autres volets plus solides de leur amitié. Mais le 29 mars, lors de la visite de son homologue français, Jean-Marc Ayrault, Ramtane Lamamra a invité la France à soutenir le processus d’autodétermination au Sahara occidental. Ce changement de discours intervient au moment où le Maroc, en conflit ouvert avec le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, est allé jusqu’à expulser une partie du personnel civil de la Minurso du Sahara.

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