Madagascar : le président annonce la démission du gouvernement, le Premier ministre dément

La présidence malgache a annoncé vendredi la démission du gouvernement et du Premier ministre Jean Ravelonarivo. Mais ce dernier a rétorqué quelques heures plus tard qu’il n’avait « pas encore officiellement démissionné », créant une confusion au sommet de l’État.

Hery Rajaonarimampianina, le président malgache. © Martin Vogl/AP/SIPA

Hery Rajaonarimampianina, le président malgache. © Martin Vogl/AP/SIPA

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Publié le 8 avril 2016 Lecture : 3 minutes.

Aucune raison officielle n’a été donnée. Le président malgache, Hery Rajaonarimampianina, s’est contenté d’annoncer, vendredi 8 avril, qu’il acceptait la démission du chef du gouvernement et de toute son équipe, présentée par le Premier ministre Jean Ravelonarivo, selon le décret présidentiel, lu devant la presse par le général Roger Ralala, secrétaire général de la présidence.

« Jusqu’à la formation d’un nouveau gouvernement, les membres du gouvernement démissionnaire assurent l’expédition des affaires courantes », souligne toutefois le texte.

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Mais quelques heures après cette annonce, coup de théâtre dans la Grande Île. Jean Ravelonarivo affirme selon l’AFP « n’avoir pas encore officiellement démissionné ».

Démenti du Premier ministre annoncé démissionnaire

« J’ai parlé avec le président de la République ce matin [8 avril] d’une démission et j’ai répondu que j’allais d’abord en parler à ma famille [politique]. C’est après la rencontre, dans ma voiture, que j’ai entendu l’annonce de ma démission », a-t-il déclaré à la presse à son bureau.

« Jusqu’à maintenant, je n’ai pas encore démissionné. Cependant, dans l’intérêt supérieur de la nation, je vais remettre ma démission à un moment plus opportun », a poursuivi le Premier ministre annoncé démissionnaire, sans avancer toutefois de date.

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Conflit entre le Premier ministre et le chef de l’État ?

Depuis plusieurs semaines, la presse malgache faisait état d’un conflit entre le Premier ministre, en poste depuis janvier 2015, et le chef de l’État.

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Ravelonarivo a été nommé le 14 janvier 2015, en remplacement de Kolo Roger, cet ancien officier général de l’armée n’avait jamais fait l’unanimité. En juillet dernier, son gouvernement avait déjà été victime d’une motion de censure menée par une cinquantaine de députés sur les 151  de l’Assemblée nationale, juste après l’échec de la tentative de destitution du président Hery Rajaonarimampianina.  Ils lui reprochaient de ne pas « résoudre les problèmes socio-économiques du pays ».

Madagascar en perpétuelle crise

En effet, malgré une croissance moyenne (+3% en 2015), une grande frange de la population continue de vivre dans la misère. Selon la Banque mondiale, plus de neuf Malgaches sur 10 vivent aujourd’hui sous le seuil de pauvreté. L’insécurité grandissante, les scandales de corruption à répétition ont aussi terni l’image de son action, à deux ans de la prochaine présidentielle.

Des candidats à la succession du Premier ministres se sont déjà manifestés 

À l’annonce du président, le député élu Guy Rivo Randrianarisoa du parti Tiako I Madagasikara (TIM) a aussitôt indiqué que son parti avait proposé de façon officielle Marc Ravalomanana pour remplacer le Premier ministre. L’ancien président renversé en 2009 avait annoncé récemment vouloir se représenter à la présidentielle en 2018. Il reste l’un des poids lourds de la vie politique malgache.

L’ancien président de transition Andry Rajoelina pourrait lui aussi faire un retour, où l’un de ses proches député du Mapar. Il avait très mal pris d’avoir été évincé  du jeu politique malgache en 2014, après avoir été le principal soutien du candidat « Hery », lors des élections de 2013.

D’autres noms circulent, comme l’homme d’affaire Eric Rajaonary PDG de l’entreprise Guanomad, une entreprise de production d’engrais biologiques, ainsi qu’Horace constant, ami proche de l’actuel président et ancien ambassadeur malgache au Canada, pourrait créer la surprise. Enfin le nom de l’ancien ambassadeur au Sénégal Auguste Paraina qui fut aussi président intérimaire de l’Assemblée nationale en 2002 revient régulièrement dans la (longue) liste des éventuels Premier-ministrables, alors même que Jean Ravelonarivo dément toujours avoir donné sa démission.

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