La récession n’est pas inévitable

Si l’économie tunisienne a affiché une croissance négative pendant les deux premiers trimestres de 2011, rien n’est encore joué. Le pays pourrait même éviter la récession cette année.

Publié le 10 octobre 2011 Lecture : 2 minutes.

Béji Caied Essebsi, en fin de parcours comme Premier ministre provisoire, est agréablement surpris. « C’est à peine croyable. La Tunisie est restée le premier exportateur dans les pays sud-méditerranéens en matière industrielle vers l’Europe », déclare-t-il à jeuneafrique.com. Après les perturbations majeures de l’économie à la suite de la révolution qui a démarré le 17 décembre 2010, il y avait de quoi s’exclamer.

Car le freinage de l’économie a touché tout le système productif non agricole avec une contraction de l’activité dans les branches industrielles et dans les services (tourisme). Mais le redémarrage des unités industrielles et un rétablissement graduel de la demande au cours du deuxième trimestre laissent désormais place à l’espoir.

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« La Tunisie reprend des couleurs »

« Même la situation touristique s’est rattrapée en fin de saison, mais pas totalement, note Essebsi. Tout cela indique bien que la Tunisie est en train de reprendre des couleurs et qu’elle se porte mieux, sans qu’on puisse pour autant affirmer qu’elle est complètement guérie ». Aujourd’hui, l’activité dans les centres industriels tunisiens a repris, les grèves ont cessé. C’est un fait : la Tunisie est au travail, comme le montrent les embouteillages monstres dans les principales villes du pays.

Mais l’économie tunisienne n’est pas pour autant sortie de l’auberge. « Au cours des deux premiers trimestres de 2011, explique Ezzedine Saidane, ancien banquier aujourd’hui consultant, la croissance a été négative et la taille de l’économie s’est contractée de 3% en rythme annuel (…) La croissance négative ne devrait pas durer plus de deux ou 3 trimestres. Dans le cas contraire, c’est la récession ».

L’Observatoire de la conjoncture économique au sein de l’Institut national de la statistique acquiesce : « L’économie nationale, lit-on dans sa note de conjoncture mensuelle, devra croître à un rythme moyen de 3,3% par trimestre au cours de la seconde moitié de l’année afin d’éviter une récession qui serait la première depuis 1986 ».

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Facteur politique

Il n’y a donc aucun fatalisme. « « Les jours noirs sont derrière nous », affirme Mustapha Kamel Nabli, le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie. Au pire, selon lui, la croissance pour 2011 sera nulle. Il fait aussi valoir que le FMI lui-même prévoit qu’elle sera de plus de 3% en 2012. Dès lors, assure-t-il, il n’est pas question que le gouvernement tunisien pense à restructurer sa dette extérieure.

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Reste que pour éviter une éventuelle récession, le facteur politique est essentiel. Les partis qui remporteront l’élection de la Constituante, le 23 octobre, auront à ce titre un rôle-clé à jouer. S’ils réussissent à s’entendre pour former un gouvernement, ce sera un signal fort pour les investisseurs nationaux et étrangers. Le G8, qui avait fait des promesses se chiffrant par milliards pour relancer l’économie, n’aura alors plus de prétexte pour repousser son aide.

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