Libye : les investisseurs français impatients de faire leur retour
Le gouvernement provisoire n’est même pas formé ni Syrte libérée que les industriels français se précipitent en Libye pour préparer la reconstruction. Les marchés à conquérir sont nombreux.
La plupart de ces grands groupes et PME travaillaient dans le pays du temps du colonel Kaddafi. Avant le conflit, les entreprises françaises comptaient 700 expatriés dans des domaines aussi divers que l’énergie, le BTP et les transports, l’agroalimentaire, les télécommunications, la sécurité, l’urbanisme et l’aménagement du territoire, la santé, la banque, l’eau et l’environnement… D’un régime l’autre, donc. Et le temps presse, car la concurrence avec les Chinois, les Turcs ou allemands s’annonce serrée.
Le secrétaire d’État chargé du Commerce extérieur, Pierre Lellouche, qui menait la délégation et encourageait les investisseurs potentiels, l’a bien compris. « D’autres ne vont pas attendre, je pense aux Turcs, Chinois, Allemands (…) qui n’étaient pas très nombreux pour aider ce pays pendant la guerre et qui sont en train d’arriver par vagues successives », a-t-il lancé.
« Trouver les pouvoirs de décision »
De fait, le ministre allemand de l’Économie Philipp Rösler devait se rendre mercredi et jeudi à Tripoli. Quant à la Chine, elle a investi des milliards de dollars en Libye où elle employait avant la crise 36 000 ressortissants. Cent dix entreprises turques sont recensées par la Chambre de commerce turco-libyenne.
« Aujourd’hui, la principale difficulté pour tout le monde c’est de trouver les pouvoirs de décision », indique Olivier de Noray directeur des ports et terminaux chez Bolloré Africa Logistics, qui convoite toujours la zone franche de Misrata, où il avait dû renoncer au lancement d’un projet du temps de Kaddafi.
« Le 17 février tout s’est arrêté, nous avons demandé à nos employés libyens de rester chez eux et avons fait partir les expatriés raconte Pascal Homsy, PDG d’Alcatel-Lucent France, qui détient la moitié du marché libyen de la téléphonie fixe et mobile.
Prochaine phase : la « présignature d’accords »
Pour Lellouche, les incertitudes au sujet du futur gouvernement libyen ne doivent pas freiner le retour de la France, qui détenait en 2010 6% de part de marché contre 19% pour l’Italie et 11% pour la Chine. Le prochain rendez-vous des Français avec leurs partenaires libyens a été fixé à la mi-novembre pour une phase de « présignature » d’accords.
Un gouvernement provisoire doit être mis en place un mois au plus après la proclamation de la libération qui n’interviendra que quand les forces du Conseil national de transition (CNT) auront pris le contrôle total de Syrte.
Mais aucun nouveau contrat pétrolier ne sera conclu avant les élections générales qui doivent être organisées dans les huit mois après la formation d’un gouvernement provisoire, lequel ne sera annoncé qu’après la prise définitive de Syrte, en cours.
« Le critère de toute négociation commerciale (…) sera l’intérêt du peuple libyen », a prévenu mercredi le ministre des Finances et du Pétrole du CNT, Ali Tarhouni, après avoir remercié la France de son soutien pendant le conflit. « Il ne faut pas demander de traitement de faveur. Les ministres en place aujourd’hui ont tous été formés aux États-Unis, ils veulent un système transparent, non corrompu », a expliqué Lellouche aux industriels.
(Avec AFP)
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