Algérie – France : ce qu’il faut retenir de la visite de Valls à Alger
Scandale du refus des autorités algériennes d’accorder un visa à des journalistes, délicat dossier du Sahara, entretien avec le président Abdelaziz Bouteflika, partenariat économique… La visite officielle du Premier français, Manuel Valls, en Algérie, a été agitée mais fructueuse.
Manuel Valls a quitté Alger dimanche soir 10 avril à l’issue d’une visite officielle sous tension, marquée notamment par le refus des autorités algériennes de délivrer un visa à des journalistes du quotidien Le Monde et de l’émission Le Petit journal de la chaîne Canal+.
Valls a joué la carte de l’apaisement
Arrivé samedi en Algérie pour la réunion du Comité intergouvernemental de Haut niveau (CIHN) entre les deux pays, Manuel Valls a n’a pas dévié de la ligne qu’il s’était fixée. Et malgré l’affaire des visas refusés, il a préféré privilégier la « relation stratégique » franco-algérienne dont « rien ne doit nous faire dévier », a-t-il déclaré.
Manuel Valls a cependant tenu à assurer que « [ses] messages sont passés » au sujet de la polémique des visas. Il avait déjà exprimé ses « profonds regrets » avant de se rendre à Alger lorsqu’il avait appris la décision des autorités algériennes.
De leur côté, des journalistes français ayant fait le déplacement à Alger ont eu lu une déclaration, dimanche, lors de la conférence de presse conjointe du chef du gouvernement français et de son homologue algérien Abdelmalek Sellal.
« Nous avons fait le choix de privilégier notre mission d’informer » en venant à Alger, ont-ils dit, mais « nous tenions à exprimer notre profond désaccord et notre émotion face à cette décision [de refus de visas], contraire à toutes les pratiques, qui vise à sanctionner ces médias ».
Abdelmalek Sellal a répondu que la décision a été prise parce qu’ « un journal respecté et respectable [Le Monde, NDRL] a porté atteinte au l’honneur au prestige » du président algérien « de manière gratuite », tout en se défendant de porter atteinte à la liberté de la presse. La photo d’Abdelaziz Bouteflika figurait le 5 avril à la une du quotidien français parmi celles de dirigeants mis en cause dans le scandale financier des « Panama Papers ». Le Monde avait ensuite précisé que le non du président algérien ne figurait pas dans les « Panama Papers »…
« Je vais exprimer mon grand respect (…) et notre soutien au président Bouteflika », a indiqué Manuel Valls pour tenter de clore la controverse.
Valls a rencontré Bouteflika à Zéralda
Dimanche, le Premier ministre français s’est rendu à Zéralda pour rencontrer le président Abdelaziz Bouteflika dans sa résidence médicalisée de la banlieue sud-ouest d’Alger, qui lui sert de bureau en raison de son état de santé.
À l’issue de l’entretien entre les deux hommes, Manuel Valls a indiqué qu’il était « venu porter un message du président François Hollande (…) qui dit clairement que la France tient à développer son partenariat d’exception avec l’Algérie ».
Le chef du gouvernement français a précisé avoir évoqué avec M. Bouteflika « la coopération des deux pays face à la menace terroriste ».
« La relation franco-algérienne doit être forte pour être efficace dans la lutte contre le terrorisme, a-t-il déclaré. Je me suis engagé sur le fait que [notre] concertation sur tous les grands dossiers régionaux, Libye, Mali mais aussi Sahara [occidenta]), doit être régulière. »
Des accords signés et d’autres « en cours de maturation »
Au cours de sa visite à Alger, Manuel Valls a également assisté, aux côtés de son homologue algérien et du ministre de l’Industrie Abdeslam Bouchouareb, à la signature d’un « nouveau pacte d’actionnaires » pour agrandir une usine de matériel ferroviaire codétenue par le groupe français Alstom.
Le groupe d’oléagineux Avril a signé une lettre d’intention avec la société algérienne Djadi pour la création d’une usine de sauces condimentaires sous marque Lesieur alors que la société Rouiller et l’Algérienne Asmidal ont décider de créer une co-entreprise dans le domaine des phosphates.
« Quatre ou cinq » autres accords sont « en cours de maturation, en fin de discussion », a annoncé Abdeslam Bouchouareb, évoquant un projet d’implantation industrielle en Algérie de PSA. « En voie de finalisation », cet accord sera selon lui signé « dans un proche avenir ».
Auparavant, à l’ouverture d’un forum d’affaires à Alger, Manuel Valls avait affirmé que la France devait « demeurer le partenaire économique majeur de l’Algérie », soulignant qu’elle était « déjà le premier investisseur en Algérie, hors hydrocarbures, et son deuxième partenaire commercial, avec un volume d’échanges qui ne cesse d’augmenter ».
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