Congo-Brazzaville : les limites d’un gouvernement d’union nationale

Le président Sassou Nguesso a gagné l’élection présidentielle du 20 mars 2016.

Denis Sassou Nguesso, le président du Congo-Brazzaville. © Baudouin Mouanda/J.A.

Denis Sassou Nguesso, le président du Congo-Brazzaville. © Baudouin Mouanda/J.A.

Lucien-Pambou
  • Lucien Pambou

    Professeur de sciences économiques et politiques, rédacteur associé de la revue Géopolitique africaine.

Publié le 11 avril 2016 Lecture : 2 minutes.

Les leaders de la plateforme FROCAD-IDC (Front républicain pour le respect de l’ordre constitutionnel et l’alternance démocratique-Initiative pour la démocratie au Congo) contestent les résultats et dénoncent un coup d’État électoral. La Cour constitutionnelle est formelle : c’est le président Sassou qui a été élu dès le premier tour avec 60% des suffrages exprimés.

Il faut passer à la période suivante, celle de la gouvernance politique de la nouvelle République. Faut-il créer un gouvernement d’union nationale ? Faut-il laisser les choses en l’état et permettre au président de la République et au Parti congolais du travail (PCT, au pouvoir) de profiter de leur victoire ?

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Pour des raisons de clarté politique et pour permettre à l’opposition de se reconstruire de façon réelle, il me semble qu’un gouvernement d’union nationale présente plus d’inconvénients que d’avantages, à moins que la situation de tension actuelle au Congo oblige le président Sassou à faire le choix de l’union. L’union crée de la confusion et ne permet pas de voir la recomposition du paysage politique. L’union nationale, qui est une forme de partage du pouvoir, tend à montrer que le vainqueur n’a pas été bien élu et que, pour des raisons d’apaisement de l’espace politique, on fait appel à l’opposition. Ce n’est pas le cas ici. Le président Sassou a été élu avec 60%, donc avec une confortable majorité, et on attend de lui et de son gouvernement qu’ils poursuivent le programme politique du président et qu’ils instaurent les nouvelles politiques sociales comme continuum de sa politique de réalisation des infrastructures et de l’aménagement du territoire.

Les Congolais doivent apprendre à débattre sans empathie et sans émotion pour éviter la caricature et l’opprobre

L’union nationale après une élection oblige le vaincu à taire ses revendications et à se conformer à un agenda politique qui n’est pas le sien mais celui du président de la République. Comment, dans ce cas, les leaders de l’opposition pourraient-ils expliquer à leurs militants qu’ils rejoignent un président qu’ils ont vilipendé pendant la campagne présidentielle ? Tous les Congolais sont pour l’union et pour la cohésion sociale, mais dans la clarté et dans le refus de la compromission et la caricature. On sait très bien comment finissent souvent les gouvernements d’union nationale avant les élections : on se désolidarise du gouvernement auquel on participe et on retrouve ses habits d’opposant. En revanche, la majorité présidentielle doit reconnaître à l’opposition sa capacité d’exister dans l’espace politique en créant un statut du chef de l’opposition, en contribuant au financement des partis de l’opposition – si cela existe, il faut amplifier le mouvement.

Les Congolais doivent apprendre à débattre sans empathie et sans émotion pour éviter la caricature et l’opprobre que nous jetons facilement sur les personnes et sur leurs appartenances politico-ethniques. Voici quelques pistes de réflexion utiles pour le Congo, pour la majorité comme pour l’opposition. Il y a eu le temps de l’élection, voici maintenant le temps de la reconstruction de l’espace politique congolais.

Au président de fixer les grands axes de la nouvelle République en désignant la nouvelle équipe fondée ou non sur l’union nationale. À l’opposition et à ses dirigeants de méditer leur défaite, de reconstruire leurs partis et leurs alliances afin de contribuer à l’organisation d’une nouvelle culture politique pour la conquête démocratique du pouvoir.

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