Opération esthétique à Dakar

Prothèses mammaires, liposuccions, liftings… Pour ces interventions, plus besoin d’aller en Europe. L’offre s’étoffe dans la capitale sénégalaise, qui abrite même la première clinique spécialisée d’Afrique de l’Ouest.

Publié le 6 septembre 2011 Lecture : 3 minutes.

Bouche à oreille

Jean-Jacques Caraco, anesthésiste et patron de la clinique, explique : « 80 % de notre clientèle a déjà eu recours à la chirurgie esthétique dans les pays occidentaux. Les 20 % restants n’auraient pas fait le pas d’aller à l’étranger mais, puisque l’offre est là, ils essaient. » Avec une trentaine de patients chaque mois, la clinique n’a pas encore atteint l’équilibre financier. « Mais le bouche à oreille fonctionne », ajoute Jean-Jacques Caraco.

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Même constat à l’Ordre national des médecins du Sénégal (ONMS). « Beaucoup de praticiens commencent à s’y intéresser. Et la demande existe, les gens veulent s’occuper de leur bien-être », confirme Cheikh Ahmadou Bamba Diop, son président. Dans la capitale sénégalaise, les deux cliniques privées les plus huppées font déjà venir, plusieurs fois par an, des spécialistes français pour opérer les patients. Partout, les demandes sont les mêmes : prothèse mammaire, liposuccion du ventre, lifting… Avec des tarifs de 20 % à 30 % moins élevés qu’en France, « et des prestations équivalentes » selon les praticiens français, le marché est amené à se développer. Fini les billets d’avion et l’hébergement à financer pour aller à Londres, à Paris ou à New York.

« Diaye Fondé »

À la clinique Élysée-Dakar, 80 % des patients sont sénégalais – dont la moitié d’origine libanaise -, et les autres sont des expatriés, notamment des Français. L’objectif est d’attirer également une clientèle ouest-africaine. Pour le moment, parmi les visiteurs issus du reste du continent, l’équipe de la clinique Élysée-Dakar a opéré des personnes venant de Mauritanie, de Côte d’Ivoire, de RD Congo et d’Afrique du Sud.

Plus de 90 % des clients sont des femmes. Leurs demandes de chirurgie et de médecine esthétiques sont les mêmes que celles ayant cours en Occident, avec tout de même quelques particularités. « Pour les Africaines de 50 à 60 ans, les opérations ne se font pas vraiment sur la poitrine, car les seins ne sont pas considérés comme un symbole de féminité. En fait, nous opérons surtout les fessiers », précise Jean-Jacques Caraco. Car le diaye fondé, à savoir des fesses rebondies, a davantage la cote. Quant aux patients hommes, ce sont essentiellement des chefs d’entreprise, des artistes ou des professionnels de l’audiovisuel, âgés d’une cinquantaine d’années. Ils viennent principalement pour se faire enlever les poches sous les yeux et relever les paupières.

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Et l’hôpital public ?

Le secteur public s’intéresse également à la chirurgie esthétique. Le centre hospitalier Aristide-Le Dantec, à Dakar, a ainsi pour projet d’ouvrir un service spécialisé. « Ici et dans la sous-région, la demande est là, car le niveau de vie augmente. De plus en plus de femmes me demandent des ventroplasties ou des opérations mammaires. Le problème, c’est que nous avons besoin de formateurs au Sénégal », relève le docteur Cheikh Tidiane Touré, spécialiste en chirurgie générale.

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La direction de la clinique Élysée-Dakar souhaite de son côté faire de la capitale sénégalaise le haut lieu du tourisme médical en Afrique de l’Ouest, avec « un package hébergement-avion-opération et activités pour les accompagnateurs », énumère Jean-Jacques Caraco. Reste la question de la légalité. À l’ONMS, on regrette de ne pas avoir été consulté pour l’ouverture de la clinique. Un avis pourtant obligatoire, selon son président. 

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