Guinée : le bras de fer continue avec Rio Tinto
Sous la pression de la junte militaire au pouvoir depuis fin 2008, Rio Tinto a annoncé le 23 juillet qu’il allait « procéder immédiatement au retrait de ses équipements des deux blocs d’exploration nord du gisement de fer de Simandou », l’une des plus importantes réserves de minerai de fer du monde.
Mois de juillet particulièrement agité pour le géant minier. Après ses déboires en Chine et l’incarcération de son représentant local, la bataille qu’il livre depuis plus d’un an contre l’État guinéen a atteint son paroxysme le 23 juillet. Sous la pression de la junte militaire au pouvoir depuis fin 2008, Rio Tinto a annoncé qu’il allait « procéder immédiatement au retrait de ses équipements des deux blocs d’exploration nord du gisement de fer de Simandou », l’une des plus importantes réserves de minerai de fer du monde, évaluée à plus de 2 milliards de tonnes.
L’affaire remonte à juin 2008, lorsque l’ancien président Lansana Conté déclenche les hostilités avant d’annoncer en août sa volonté de reprendre une partie de la concession attribuée au groupe minier. En décembre 2008, le gouvernement guinéen ordonne alors à Rio Tinto de lui rétrocéder 50 % du périmètre de la concession. Il en attribue dans la foulée la moitié nord à la société BSGR (Beny Steinmetz Group Resources), appartenant à l’homme d’affaires franco-israélien éponyme spécialisé dans le diamant. Ce dernier, qui bénéficie d’appuis politiques dans le pays, est aussi un proche d’Ehoud Olmert, l’ex-premier ministre israélien, venu récemment à Conakry selon la presse israélienne…
Le point du litige était d’ordre juridique. « Nous avons considéré que Rio Tinto avait violé notre code minier, qui stipule que toute partie d’une concession non explorée, comme la moitié nord de Simandou, doit être rétrocédée au pays », justifie Louceny Nabe, l’ex-ministre des Mines entre août et décembre 2008. Le géant minier rétorque qu’en 2000 il « avait déjà rétrocédé la moitié de la surface d’exploration allouée par l’État en 1997 et qu’il refuse une seconde rétrocession sur les 738 km2 restants, entièrement explorés ». Pour Souleymane Diallo, directeur du groupe de presse Le Lynx-La Lance, « l’État guinéen a aussi violé ses institutions, ne pouvant pas annuler un contrat de concession ratifié par l’Assemblée nationale ».
Une réputation sulfureuse
Le groupe minier anglo-australien, qui a déjà investi 500 millions de dollars sur le site, n’en démord pas. Il considère de son plein droit d’exploiter 100 % de sa concession. Subsistent dans cette affaire des zones d’ombre, notamment sur la société BSGR, aux contours flous, et sur la précipitation du pouvoir guinéen à lui attribuer la moitié de la concession. Selon l’opposition encore, la société franco-israélienne manque sérieusement de transparence sur ses activités. Quant à Simandou, BSGR, présent sur le site depuis 2006, aurait déjà fait main basse (on parle de 3 000 km2) sur la plus grande partie du gisement de fer qui devait pourtant revenir à Rio Tinto.
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