Gabon : forcing chinois à Belinga

L’étude de faisabilité du projet chinois pour l’extraction du gisement de fer de Belinga a été remise aux autorités gabonaises fin décembre. Mais les doutes se multiplient quant à la capacité des Chinois d’honorer leurs engagements.

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Publié le 4 janvier 2010 Lecture : 2 minutes.

Trois ans après avoir confié aux Chinois l’exploitation du gisement de fer de Belinga, dans le nord-est du Gabon, les autorités ont enfin reçu, le 21 décembre, l’étude de faisabilité du projet. Ses auteurs, les dirigeants du consortium emmené par la China National Machinery & Equipment Import & Export Corporation (CMEC), tentent à l’évidence de pousser les Gabonais à ratifier la convention signée en 2006 et toujours sujette à controverse.

Doutes sur la capacité des Chinois à honorer leurs engagements

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Mais le Palais du bord de mer a décidé qu’il était urgent d’attendre. Il n’est pas exclu qu’il demande une renégociation du contrat. « Si les choses ont été mal ficelées, mettons-nous autour de la table et discutons », suggère un opérateur économique gabonais qui a ses entrées au Palais. Beaucoup, au plus haut niveau de l’État, doutent aujourd’hui ouvertement de la capacité des Chinois à honorer leurs engagements. D’autres ne sont pas loin de considérer qu’il aurait été préférable de conclure un accord avec les Brésiliens de la Companhia Vale do Rio Doce (CVRD), numéro un mondial du secteur. « Ils avaient l’expertise nécessaire pour un tel projet, regrette un proche du chef de l’État. Mais à l’époque [en 2006], le président Omar Bongo Ondimba a fait l’objet d’un intense lobbying en faveur des Chinois. »

Les promesses de Pékin

Pour remporter l’appel d’offres, ces derniers n’avaient pas hésité à multiplier les promesses. Surpassant leur rival CVRD, qui proposait une centrale thermique, ils avaient mis sur la table un projet de barrage hydroélectrique sur le fleuve Ivindo et s’étaient engagés à construire une voie ferrée de 500 kilomètres reliant Belinga à Santa Clara. Poussant loin la surenchère, ils prévoyaient de créer dans cette ville un port en eau profonde disposant d’un appontement minéralier, d’une usine de traitement et d’un gigantesque plateau de stockage proche du terminal ferroviaire.

Fuite en avant

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Maintes fois repoussés, les travaux étaient censés démarrer au début de 2010. C’est raté. « Il faut revoir la convention avec les Chinois, car le projet a l’air de traîner, suggère un industriel gabonais. Il y a des problèmes de coordination entre les différents volets : minier, ferroviaire, énergétique et portuaire. » La remise de l’étude de faisabilité ne serait-elle alors qu’une fuite en avant ? Quoi qu’il en soit, du côté des Gabonais, on ne s’interdit ni de remettre les compteurs à zéro, ni un revirement qui pourrait favoriser le retour des Brésiliens dans le jeu.

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