En chiffres : les enfants victimes de Boko Haram dans la région du Lac Tchad

Les enfants victimes de Boko Haram sont de plus en plus utilisés comme chair à canon par les combattants de la secte nigériane. Un fait mis en lumière par l’Unicef dans un rapport publié mardi.

Une femme assise devant sa maison à Chibok, dans le nord-est du Nigeria, le 19 mai 2014. © Sunday Alamba/AP/SIPA

Une femme assise devant sa maison à Chibok, dans le nord-est du Nigeria, le 19 mai 2014. © Sunday Alamba/AP/SIPA

Publié le 12 avril 2016 Lecture : 2 minutes.

Les enfants utilisés comme des kamikazes

Entre 2014 et 2015, le nombre d’enfants utilisés dans des attentats-suicides orchestrés par l’insurrection islamiste Boko Haram a été multiplié par 10 (de 4 à 44). C’est ce que montre un rapport de l’Unicef publié le 12 avril, à deux jour de la commémoration de l’enlèvement, deux ans plus tôt, des 276 lycéennes de Chibok, dans l’État de Borno (nord-est).

Au Cameroun, la moitié des attaques-suicides pilotées par Boko Haram ont été perpétrées par un enfant, soit 21 attaques au total, contre 17 au Nigeria. À l’échelle des États frappés par l’insurrection islamiste, cela représente une attaque-suicide sur cinq. Et les trois quarts de ces enfants-kamikazes sont des filles.

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Fin mars, une kamikaze âgée de 12 ans, qui portait sur elle une ceinture de 12 kg d’explosifs, a été arrêtée au Cameroun dans la région de l’Extrême-Nord, frontalière du Nigeria. Originaire de Maiduguri, la capitale de l’État de Borno, elle avait été enlevée à Bama, à 70 kilomètres de là, quand Boko Haram s’était emparé de la ville.

« Soyons clair : ces enfants sont des victimes, pas des meurtriers », insiste Manuel Fontaine, le directeur régional de l’Unicef en Afrique de l’Ouest et Centrale. « Tromper des enfants et les forcer à commettre des actes meurtriers représente l’un des aspects les plus horrifiant de la violence commise au Nigeria [par Boko Haram] et dans les pays voisins », a-t-il poursuivi.

Selon le responsable de l’Unicef, la généralisation de ce phénomène, « devenu monnaie courante », fait naître au sein des communautés une défiance à l’égard des enfants, perçus comme une menace, avec « des conséquences destructrices ».

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Santé, éducation, malnutrition : tous les voyants sont au rouge

Les enfants représentent plus de la moitié des déplacés qui ont fui Boko Haram depuis 2013. Entre 2014 et 2015, leur nombre a augmenté de 60%. Au total depuis 2013, 1,3 million d’enfants ont été déplacés.

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Les conséquences de l’insurrection sur la santé et l’éducation des enfants sont dramatiques. Selon l’Unicef, 670 000 enfants ont été privés d’éducation pendant un an l’année dernière, compte tenu notamment de la fermeture de 1800 écoles. Par ailleurs, l’organisation estime que 195 000 enfants souffrent de malnutrition sévère.

En toile de fond, il faut noter la très forte augmentation des attentats-suicides auxquels Boko Haram, affaibli par la contre-offensive de l’armée nigériane lancée l’année dernière, a de plus en plus recours. Leur nombre a été quasiment multiplié par cinq entre 2014 et 2015 – de 32 à 151 attaques l’année dernière – frappant au Nigeria mais aussi dans les pays voisins. Encore le mois dernier, un attentat-suicide dans une mosquée de Maiduguri, attribué à Boko Haram avait fait plus d’une vingtaine de morts et au moins une trentaine de blessés.

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