Secousses sismiques en Algérie : faut-il s’en inquiéter ?
Neuf secousses ont déjà été enregistrées en Algérie depuis le début du mois de mars, dont une de magnitude 5 sur l’échelle de Richter. Une activité qui inquiète les Algériens… À tort ou à raison ? Abdelkrim Yelles, directeur général du Centre de recherche en astronomie astrophysique et géophysique a répondu aux questions de Jeune Afrique.
Une secousse de magnitude 5 sur l’échelle de Richter a créé la panique dimanche soir à Tablat (région de Médéa), dans le nord de l’Algérie. Bilan : cinq habitants légèrement blessées, plusieurs personnes sous le choc (dont sept qui ont dû être prises en charge), et quelque 76 habitations endommagées. Mercredi 13 avril, une autre secousse a également été ressentie dans la même ville.
Ces séismes sont-ils devenus plus fréquents ? À quoi sont-ils dus ? Comment les appréhender ? Pour répondre à ces questions, nous avons interrogé Abdelkrim Yelles, directeur général du Centre de recherche en astronomie astrophysique et géophysique (CRAAG), dont une des missions est la surveillance sismique du territoire.
Jeune Afrique : La fréquence des secousses telluriques a-t-elle augmenté ces derniers mois en Algérie ?
Abdelkrim Yelles : Nous n’observons pas une recrudescence de l’activité sismique. Une centaine de petites secousses ont lieu chaque mois sans être toujours ressenties, et une secousse de magnitude 4 sur l’échelle de Richter se produit tous les 2-3 mois environ. Il s’agit d’une activité quasi-continue, plutôt liée à l’évolution géologique de la région. L’Algérie est classée zone à activité sismique modérée, et une région sismique le restera toujours. Rien d’alarmant donc, pour l’instant.
Comment s’expliquent ces secousses ?
L’activité sismique se manifeste surtout dans le nord du pays, près des côtes algériennes. Elle s’explique par le rapprochement constant de deux grandes plaques tectoniques entre l’Afrique et l’Eurasie.
L’Algérie est-elle plus touchée que le reste de l’Afrique du Nord ?
Non, pas vraiment. Tous les pays du bassin méditerranéen sont concernés, et la rive nord est plus touchée, en particulier du côté de l’Italie, de la Grèce et de la Turquie. La Tunisie et le Maroc enregistrent également une activité sismique proche de celle en Algérie.
Ces secousses exposent-elles l’Algérie à un risque de tsunami ?
Quelques secousses sismiques se sont produites sur les côtes algériennes, entraînant ce que l’on pourrait qualifier de « mini tsunamis », avec des vagues un peu plus hautes. Mais le risque d’un tsunami plus important reste pour l’instant assez faible, ou très modéré. Par contre, des séismes se produisant sur les côtes italiennes ou espagnoles pourraient se répercuter sur l’Algérie.
Quelles précautions doivent prendre les habitants quand une secousse assez forte se produit ?
Le rôle du CRAAG consiste à diffuser le maximum d’informations pour sensibiliser la population à cette activité sismique et limiter, entre autres, les réactions de panique. La connaissance du phénomène nous permet de mieux se comporter en situation. Les risques sont bien sûr plus importants lorsqu’on se trouve dans des bâtiments à étages, mais dans ce cas il est conseillé de s’éloigner des fenêtres, d’éviter les cages d’escaliers, les balcons et les ascenseurs, et de s’abriter sous un meuble solide comme une table. Si vous vous trouvez à l’extérieur, éloignez-vous des murs. Le plus important est d’essayer de garder son sang-froid.
L’objectif est que l’ensemble des constructions, surtout dans le nord de l’Algérie, répondent aux normes parasismiques. Surtout depuis le séisme de 1980 qui a détruit la ville d’El-Asnam, entre Oran et Alger [d’une magnitude de 7,2 sur l’échelle de Richter, faisant plus de 2600 morts et des milliers de blessés].
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