Dan Gertler : les diamants sont éternels
À la table des jeunes mariés Joseph et Olive, deux personnalités étaient particulièrement en vue, en juin 2006. Le premier, l’entrepreneur belgo-congolais George Forrest (70 ans), a depuis perdu de son influence au Palais. Le second, l’Israélien Dan Gertler (37 ans), n’a cessé de prospérer.
Petit-fils de Moshe Schnitzer, fondateur de la Bourse israélienne du diamant, le jeune multimillionnaire a découvert la RD Congo sur les traces de Laurent-Désiré Kabila, qui, en 2000, lui accorde l’exclusivité de l’exportation des diamants congolais. Deux ans plus tard, Joseph Kabila renégocie les termes de l’accord : 80 % de la production à un prix fixe. Cela crée des liens.
« Avec ses entrées à Kinshasa, Gertler est incontournable. Il est devenu plus puissant que Forrest, qui a préféré revoir à la baisse ses ambitions minières », explique un fin connaisseur des arcanes du pouvoir congolais, soulignant les liens privilégiés entre le businessman israélien et le Raspoutine congolais, Augustin Katumba Mwanke.
On ne l’arrête plus
De fait, après le jackpot de Katanga Mining, lancé en partenariat avec Forrest avant une cession au géant suisse Glencore, on n’arrête plus Gertler. Tout porte à croire qu’il est – avec des associés congolais – derrière l’énigmatique Highwind Properties, basé aux îles Vierges britanniques. C’est cette société qui a assuré le portage sur le permis minier de Kolwezi retiré sans indemnités, en août 2009, aux Canadiens de First Quantum et revendu, en septembre 2010, aux Kazakhs d’Eurasian Natural Resources Corporation (ENRC), pour 175 millions de dollars (128 millions d’euros). Une sacrée belle affaire. Les Canadiens affirment avoir investi, en pure perte, 450 millions de dollars sur un gisement estimé à 1 million de tonnes de cuivre et 400 000 tonnes de cobalt.
Et puisqu’on ne prête qu’aux riches, de forts soupçons flottent aussi sur un autre curieux deal made in Kinshasa. Deux mystérieuses sociétés, Caprikat et Foxwhelp – également immatriculées aux îles Vierges -, ont récupéré les blocs pétroliers du lac Albert initialement attribués aux britanniques Tullow Oil et Heritage Oil, en 2006. À l’instar de First Quantum, Tullow Oil a porté l’affaire devant la Cour d’arbitrage internationale de Paris. « Les jugements de cette instance n’ont aucune dimension coercitive », prévient un expert. « Les détenteurs de sociétés offshore présentes dans les pays à faible gouvernance doivent être connus », fait remarquer George Forrest. Qu’en pense Dan Gertler ?
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