Mines : promesses katangaises
Bien secouée par la crise financière mondiale ces dernières années, la riche province minière affiche des promesses de reprise.
En ce début de février 2011, deux ans après son effondrement, le cours du cuivre atteint un record historique. Il caracole à quelque 10 000 dollars la tonne sur le London Metal Exchange. Cette tendance durable ne fait plus seulement rêver le Katanga. Elle transforme son potentiel en réalité.
La fameuse copperbelt (ceinture de cuivre) katangaise, qui relie les villes de Lubumbashi, Likasi et Kolwezi, recèle en effet 10 % des réserves mondiales de cuivre et, « accessoirement », 34 % de celles de cobalt. Ces ressources désormais prouvées ont, depuis des siècles, rendu célèbre la province la plus méridionale de la RD Congo, située le long de la frontière zambienne, et n’ont pas manqué, depuis tout aussi longtemps, d’attirer les explorateurs et opérateurs étrangers. Rien de nouveau, direz-vous. Pourtant, ce territoire – plus étendu que le Cameroun et presque autant que la France – pourrait rapidement changer la donne sur le marché mondial du cuivre.
Que vaut au Katanga cette reprise semble-t-il pérenne des activités d’exploration et de production, alors que la planète minière est à peine sortie de la crise internationale qui l’a ébranlée ? Crise qui ne l’a d’ailleurs pas épargné puisque, d’après les chiffres du ministère provincial des Mines, une quarantaine d’opérateurs sur les quatre-vingts recensés ont cessé leurs activités.
Passées ces turbulences et à l’issue de la revisitation des contrats miniers, le Katanga s’est ouvert à de nouveaux partenaires, majors et juniors, entraînant un regain des investissements, en amont comme en aval de la filière. La montée en puissance de la production de métal rouge a suivi : celle-ci a frôlé les 400 000 t en 2010 (+ 30 % en un an) et devrait dépasser 1,8 million de tonnes en 2015. Le Katanga peut donc désormais rivaliser, sinon avec le Chili – qui détient à lui seul 38 % des réserves mondiales connues de cuivre et est le principal producteur du minerai primaire avec plus de 5 millions de tonnes -, tout au moins avec ses challengers immédiats, parmi lesquels les États-Unis et le Pérou (environ 8 % chacun du marché mondial) ou encore la Zambie voisine (3,5 %), qu’elle pourrait rattraper dès cette année. La production des autres minerais qu’abrite le Katanga (cassitérite, coltan, manganèse, or, zinc…) suit la même tendance haussière, à commencer par celle de cobalt.
Dans le sillage des miniers, des paraminiers et de leurs sous-traitants, l’économie katangaise tout entière s’ébranle, du BTP aux services. Des groupes financiers étrangers, notamment indiens et sud-africains, se sont installés et renforcent leur présence via l’ouverture d’agences bancaires dans les différentes villes de la province (autrefois réservée aux banques locales). Portés par la réhabilitation des voies de communication avec la Zambie, la Tanzanie et l’Angola voisins, les échanges régionaux sont redynamisés.
Enfin, depuis deux ans, les opérateurs miniers semblent s’être engagés « pour de bon », et au-delà des besoins de leur activité propre, dans le développement socio-économique du territoire : investissement dans la création de fermes mécanisées, la construction d’établissements d’enseignement, d’hôpitaux… De quoi changer, pour les Katangais, le visage de la mine.
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