Bernard Dadié, la plume et l’épée

Né vers 1916, Bernard Dadié, le père de la littérature ivoirienne, sera mis à l’honneur lors du Salon du livre de Genève, du 27 avril au 1er mai. L’occasion de revenir sur l’œuvre et le parcours d’un auteur engagé, à la fois romancier, dramaturge et poète. L’écrivaine et peintre ivoirienne Véronique Tadjo lui rend hommage.

Véronique Tadjo. © Jacques Torregano pour JA

Véronique Tadjo. © Jacques Torregano pour JA

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  • Véronique Tadjo

    Écrivaine et peintre franco-ivoirienne, auteure de l’ouvrage « En compagnie des hommes » sur l’épidémie d’Ebola de 2014.

Publié le 20 avril 2016 Lecture : 2 minutes.

Bernard Binlin Dadié. © Issam Zejly/TruhBird Medias pour J.A.
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Côte d’Ivoire : Un siècle de négritude avec Bernard Binlin Dadié

Né vers 1916, Bernard Dadié, le père de la littérature ivoirienne, sera mis à l’honneur lors du Salon du livre de Genève, du 27 avril au 1er mai. L’occasion de revenir sur l’œuvre et le parcours d’un auteur engagé, à la fois romancier, dramaturge et poète.

Sommaire

« Bernard Dadié a vécu à une époque où l’écriture des Africains était portée par l’engagement. Pionniers, ils devaient convaincre le monde entier de la justesse de leurs aspirations : gagner l’indépendance de leurs pays en mettant fin à la colonisation et à ses pires formes d’exploitation et d’oppression. Ils se battaient contre des préjugés dont l’origine remontait à l’esclavage transatlantique. Leur créativité était essentiellement au service de cette tâche. La plume et l’épée. Bernard Dadié a fait partie de ces hommes-là, qui ont su le mieux allier la lutte émancipatrice à un véritable projet littéraire.

Aujourd’hui, les choses ont changé, et les enjeux également. Parler de littérature engagée semble désuet. Non seulement parce que les pays africains ont obtenu leur indépendance il y a plus de cinquante ans, mais aussi parce que trop souvent c’est contre nous-mêmes que nous nous battons. Et pourtant, que de maux minent encore l’Afrique !

Un homme dont l’âge n’a pas entamé la passion

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Très largement considéré comme le père de la littérature ivoirienne, Bernard Dadié a acquis une réputation internationale alors que la Côte d’Ivoire était surtout connue pour son café et son cacao. Au niveau national, sa popularité a tout de suite été grande. Ses œuvres sont enseignées dans les programmes scolaires et universitaires, si bien qu’il est l’un des écrivains ivoiriens dont les livres sont les plus lus. Son théâtre est aussi populaire. Je me souviens encore de sa pièce Monsieur Thôgô-Gnini jouée par le Théâtre national de Côte d’Ivoire dans les années 1970 et qui eut un succès retentissant à Abidjan. Ce fut peut-être l’une des seules occasions où tous les membres de ma famille sont allés ensemble au théâtre ! J’ai vu mon père rire à gorge déployée pendant la représentation, une satire de la société coloniale dont les personnages caricaturaux faisaient la joie du public.

Car Bernard Dadié a toujours eu une bonne dose d’humour, dans la vie et dans ses écrits. Un humour très ivoirien, coloré, enlevé et quelque peu tranchant. Sa popularité s’est également cimentée au cours des décennies parce qu’il a été, fondamentalement, un écrivain du terroir. Il a choisi de rester dans son pays et a pris part aux événements heureux et douloureux qui ont jalonné l’histoire de la Côte d’Ivoire. Un homme dont l’âge n’a pas entamé la passion. »

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