Non au référendum !

Ce n’était pas l’événement du siècle, ça n’a pas bouleversé la marche du monde, on n’en a pas parlé sur la Lune, mais enfin un référendum s’est tenu aux Pays-Bas mercredi 6 avril dernier, et il n’est pas totalement inutile d’en méditer les tenants et les aboutissants.

Au Pays-Bas, la question posée au référendum était la suivante : « Êtes-vous pour ou contre l’accord d’association entre l’Union européenne et l’Ukraine ? » © Peter Dejong / AP / SIPA

Au Pays-Bas, la question posée au référendum était la suivante : « Êtes-vous pour ou contre l’accord d’association entre l’Union européenne et l’Ukraine ? » © Peter Dejong / AP / SIPA

Fouad Laroui © DR

Publié le 22 avril 2016 Lecture : 2 minutes.

La question posée était la suivante : « Êtes-vous pour ou contre l’accord d’association entre l’Union européenne et l’Ukraine ? »

Par une de ces bizarreries administratives auxquelles il est vain de chercher un motif, l’un des bureaux de vote se trouvait dans la cantine de l’université, au troisième étage, à exactement dix pas de mon bureau (ceci est rigoureusement authentique). J’en ai profité pour sortir de temps en temps de mon antre et poser à quelques votants la question suivante :

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– Vous votez quoi et pourquoi ?

Ceux qui ont accepté de répondre ont gravement dit ceci :

– Je vote oui car je suis pour l’Europe / Je vote oui car je suis contre l’Europe / Je vote non car je suis pour l’Europe / Je vote non car je suis contre l’Europe.

Vous avez remarqué une chose, camarades ? Aucune de ces réponses ne mentionnait l’Ukraine… Étonnant, non ? Certains de ceux que j’ai interviewés auraient été bien en peine de placer ce valeureux pays sur la mappemonde. Par ailleurs, le caractère totalement contradictoire des réponses saute aux yeux. Les gens ont voté selon leur « feeling », « au pif » – et jamais aucun pif n’a fait Sciences-Po ni n’a étudié les lois de la logique.

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Un référendum, ce n’est pas la démocratie

En fin d’après-midi, étudiant les bouts de papier sur lesquels j’avais noté les réponses, j’en suis arrivé à la conclusion suivante, dont je vous propose que nous la méditions ensemble autour d’un bon verre (de lait) : un référendum, ce n’est pas la démocratie. C’est, au contraire, ce qui la met le plus en danger. C’est la porte ouverte à la démagogie, au populisme, à l’ignorance clamant « oui » ou « non » sans même avoir compris la question. La seule forme valable de démocratie, c’est la démocratie représentative : nous élisons des professionnels qui, n’ayant que cela à faire, peuvent étudier de fond en comble les problèmes qui se posent et les résoudre en notre nom.

Pour finir, ce savoureux dialogue. Un des votants, de rose vêtu, était en train de piailler que ce référendum allait avoir des répercussions néfastes sur le pays des tulipes. Tiens, me dis-je, voilà au moins quelqu’un qui semble avoir analysé la question. Pressé de préciser sa prévision, le jeune homme éclata en sanglots (j’exagère à peine) :

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– Si le non l’emporte, jamais l’Ukraine ne votera pour nous au concours Eurovision de la chanson ! C’est dans un mois ! Ce sera zéro point pour not’ troubadour ! Bouh hou hou…

C’est ça, la démocratie ? À mon tour d’éclater en sanglots. Bouh hou hou…

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