Mines : Vale dans le viseur de Brasilia

L’État reproche au premier exportateur mondial de fer de négliger les gisements du pays. Et souhaite aligner le géant brésilien sur sa stratégie industrielle.

ProfilAuteur_ChristopheLeBec

Publié le 7 avril 2011 Lecture : 2 minutes.

Rien ne va plus entre Brasília et la direction de Vale. Artisan de la croissance du groupe depuis 2001, son président Roger Agnelli, dont le mandat expire en mai, pourrait bien y perdre son poste. L’État brésilien lui reproche sa politique d’acquisitions à l’étranger (61 milliards d’euros en dix ans) alors que, selon Brasília, il néglige ses mines brésiliennes.

Cela fait deux ans que la tension monte entre l’État et le groupe, privatisé en 1997. En 2009, le président Luiz Inácio Lula da Silva, qui avait pourtant facilité l’ascension d’Agnelli, avait vertement critiqué le licenciement de 1 900 salariés brésiliens et la faiblesse des investissements de Vale au Brésil. Le 28 février, l’annonce du bilan 2010 a mis le feu aux poudres : le groupe a dégagé 12,3 milliards d’euros de résultat net (contre 3,8 milliards en 2009) et a presque doublé son chiffre d’affaires, celui-ci atteignant 33 milliards d’euros. Des chiffres qui indignent la nouvelle présidente, Dilma Rousseff : plus critique que son prédécesseur, elle considère que ces résultats ont été obtenus au détriment des Brésiliens.

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Sous la gouverne d’Agnelli, Vale, dont le portefeuille minier était centré sur le fer brésilien, a étendu ses activités aux métaux non ferreux (nickel et cuivre notamment) et aux engrais, en allant investir au Canada, en Indonésie, en Nouvelle-Calédonie, au Mozambique et en Guinée. Le mastodonte exporte massivement vers les États-Unis et la Chine (qui représente le tiers de son chiffre d’affaires) et n’a guère fait profiter la sidérurgie brésilienne de prix avantageux. Par ailleurs, les conditions de travail de ses mineurs sont dénoncées par les syndicats, au Brésil et au Canada.

Spéculation

Brasília affine sa stratégie pour évincer Agnelli et aligner Vale (l’État détient 3 % des actions) sur sa politique industrielle : le ministre des Finances, Guido Mantega, a fait le tour des principaux actionnaires de Vale, dont la banque privée Bradesco et le fonds Previ, pour les sensibiliser à sa cause. À Rio de Janeiro et São Paulo, la presse brésilienne annonce déjà Agnelli partant. Et les spéculations vont bon train sur son éventuel remplaçant qui, pour rassurer les marchés, serait plutôt un industriel qu’un politique. Quel que soit le prochain président de Vale, ce changement de cap devrait ralentir les investissements hors Brésil.

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