L’Afrique du Sud, avec un quart d’obèses, déclare la guerre aux sodas

L’Afrique du Sud, qui compte un quart d’obèses, a décidé de taxer les boissons sucrées non alcoolisées pour tenter de combattre le fléau du surpoids, mais consommateurs et spécialistes de la santé prédisent déjà l’échec de cette mesure.

Des Sud-Africains devant des distributeurs de soda à Zandspruit, près de Johannesburg, le 15 mars 2016. © Mujahid Safodien/AFP

Des Sud-Africains devant des distributeurs de soda à Zandspruit, près de Johannesburg, le 15 mars 2016. © Mujahid Safodien/AFP

Publié le 17 avril 2016 Lecture : 3 minutes.

Elle rejoint une liste croissante de pays comme le Mexique et le Royaume-Uni qui tentent de lutter contre l’obésité en réduisant la consommation des sodas à la forte teneur en sucre ajouté.

La taxe, annoncée par le ministre des Finances Pravin Gordhan en février, doit prendre effet en avril 2017. Elle vise non seulement à inciter les accros aux sodas à abandonner leurs habitudes malsaines mais aussi à réduire les coûts de maladies liées à l’obésité.

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« L’obésité causée par la surconsommation de sucre est un problème mondial. Au cours des 30 dernières années, le problème n’a cessé de croître en Afrique du Sud, qui pointe à la dernière place en Afrique sub-saharienne », a expliqué le ministre pour justifier la taxe. « L’obésité accroît les risques de maladies cardio-vasculaires, de diabète et de cancer ».

A Zandspruit, un township de l’ouest de Johannesburg, un assureur de 30 ans, Thulani Masango, se moque bien de la nouvelle taxe. « On sait tous que le sucre peut provoquer diabète et obésité, mais on ne peut pas vivre sans soda », qui est très bon marché, explique-t-il en marchant dans une rue poussiéreuse.

« Le prix de la viande a augmenté, mais on continue à faire des barbecues. Celui de l’alcool augmente presque chaque année et on boit toujours. Ce sera la même chose avec le sucre. C’est incontrôlable », affirme-t-il.

L’endocrinologue sud-africaine Tess van der Merwe ne cache pas non plus son scepticisme. Le problème est « pandémique », explique-t-elle à l’AFP:  environ 15% de Sud-Africains ont atteint l’obésité morbide, c’est-à-dire que leur indice de masse corporelle (IMC), qui correspond au rapport entre poids et taille, dépasse les 40 kg/m2.

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Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), une personne est considérée comme obèse lorsque son IMC dépasse les 30 kg/m2.

La taxe, annoncée par le ministre des Finances Pravin Gordhan en février, doit prendre effet en avril 2017. © Mujahid Safodien/AFP

La taxe, annoncée par le ministre des Finances Pravin Gordhan en février, doit prendre effet en avril 2017. © Mujahid Safodien/AFP

« Je ne crois pas que la taxe va résorber l’épidémie à moins d’avoir une stratégie de prévention pour traiter le problème. Les taxes par exemple n’ont pas réduit la consommation d’alcool ni celle de tabac », fait-elle remarquer.

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« Un cauchemar explosif »

Selon une enquête de l’OMS publiée en janvier, l’obésité chez les enfants est devenue un « cauchemar explosif » dans les pays en voie de développement : le nombre d’enfants de moins de cinq ans en surpoids ou obèses y a doublé de 1990 à 2014, passant de 5,4 millions à 10,3 millions.

L’OMS a déclaré il y a dix ans l’obésité comme une maladie, mais la population a encore du mal à la voir comme une maladie mortelle.

Le ministre Gordhan n’a pas encore révélé le montant de la taxe, mais selon une étude de la revue scientifique Plos One publiée en 2014, une taxe de 20% sur les boissons sucrées réduirait l’obséité en Afrique du Sud de 2,4% pour les femmes et 3,8% pour les hommes.

Du côté des fabricants de boissons gazeuses en Afrique du Sud, on s’insurge contre une telle mesure.

« Annoncer une taxe sur une seule catégorie de produits est discriminatoire », estime Mapule Ncanywa, directrice générale de l’Association des boissons en Afrique du Sud.

« Nous ne pensons pas que cela aura les effets désirés pour réduire la prise excessive de sucre, et encore moins l’obésité, mais il y aura à coup sûr des suppressions de postes… », dit-elle à l’AFP.

Thomas Sithole, un gardien qui boit café et boissons sucrées pour tenir le coup pendant ses nuits de veille, craint que la taxe ne soit catastrophique pour lui. « Il y a des choses qu’ils peuvent taxer, mais pas le sucre. Tout le monde a besoin de sucre », dit-il, assis, après sa nuit de travail, devant une petite échoppe vendant des sodas.

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