Après avoir promis à Beyrouth une plus forte aide française, M. Hollande a parcouru le camp de Dalhamiyé, l’un des nombreux campements de fortune accueillant des réfugiés dans la plaine de la Békaa, à quelques kilomètres de la frontière syrienne.
« Bonjour monsieur le président François », lui ont lancé des enfants avant de lui offrir des dessins et de lui réciter un poème en arabe mettant en mots leur exil douloureux, a constaté une journaliste de l’AFP.
Une centaine de familles, soit quelque 600 personnes, essentiellement des femmes et des enfants, vivent dans ce camp de tentes blanches.
« Ce que demandent ces familles, ce n’est pas d’aller en Europe c’est de pouvoir retourner le plus rapidement chez elles » pour « reconstruire leur pays », a déclaré M. Hollande après s’être entretenu avec des réfugiés et des responsables d’ONG présentes au Liban.
« C’est ce que souhaitent aussi les Libanais, qu’il n’y ait pas d’implantation durable » des réfugiés, a-t-il ajouté.
En attendant, le président français a félicité les Libanais pour la « solidarité exceptionnelle » dont ils font preuve alors que le pays du Cèdre accueille plus de 1,1 million de réfugiés syriens, soit l’équivalent du quart de sa population.
Soutien aux chrétiens d’Orient
A son arrivée samedi à Beyrouth, M. Hollande avait annoncé que la France accueillerait 3.000 réfugiés supplémentaires en 2016 et 2017. Et promis le versement de « 100 millions d’euros dans les trois prochaines années » pour aider le Liban à faire face à l’afflux de réfugiés.
Il a aussi annoncé une prochaine réunion du « groupe international de soutien au Liban pour fédérer tous les dons ». Le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault se rendra à cette fin le 27 mai à Beyrouth.
Le chef de l’État français s’est par ailleurs engagé à « une aide immédiate pour renforcer les capacités militaires du Liban » face à la menace jihadiste, en particulier du groupe État islamique (EI) qui a déjà revendiqué des attentats dans le pays.
Cette aide intervient alors que l’Arabie saoudite a suspendu un don de 2,2 milliards d’euros aux autorités libanaises qui devait leur permettre d’acquérir des équipements militaires français.
Dimanche matin, avant son déplacement dans la Békaa, M. Hollande a évoqué avec le patriarche Béchara Raï, chef de la puissante église chrétienne maronite, la situation difficile des chrétiens d’Orient.
« Doivent-ils rester parfois au risque de leur vie ou doivent-ils partir? Mais s’ils partent c’est l’ensemble du Moyen Orient qui se trouve déséquilibré », a notamment déclaré M. Hollande.
La France, « désintéressée »
Samedi, M. Hollande a multiplié les appels en faveur du règlement de la crise institutionnelle au Liban, sans président de la République depuis mai 2014.
Il s’est entretenu notamment avec un des candidats à la présidence, Souleimane Frangié, et auparavant avec le Premier ministre Tammam Salam qui a clairement sollicité le soutien de Paris pour sortir de cette crise.
« La France est une puissance amicale et désintéressée, c’est pour cela qu’on nous demande d’intervenir », a décrypté un proche de M. Hollande soulignant le rôle que Paris pourrait jouer auprès de l’Arabie saoudite et de l’Iran. La rivalité entre les deux grands acteurs sunnite et chiite de la région alimente la crise libanaise.
François Hollande doit entamer en fin de journée sa première visite d’État en Égypte depuis 2012. Un déplacement à forte teneur économique.
Accompagné d’une trentaine de dirigeants d’entreprises, il ouvrira notamment un forum d’affaires au Caire et sa venue devrait être l’occasion de signatures de contrats.
Côté diplomatique, la crise libyenne et le conflit israélo-palestinien seront au cœur de ses entretiens avec le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi.
Mais M. Hollande est aussi attendu sur la question des droits de l’Homme. Plusieurs ONG ont, avant son arrivée, dénoncé « le silence étourdissant » de Paris sur les violations de ces droits par le régime de M. Sissi.
Selon un diplomate français, M. Hollande entend sur ces sujets porter des « messages » de façon « discrète et efficace ».
Au cas de l’étudiant italien mort sous la torture fin janvier au Caire qui a conduit récemment l’Italie à rappeler son ambassadeur, se sont ajoutées mercredi les accusations portées contre le Quai d’Orsay par la mère d’un enseignant français battu à mort en 2013 dans un commissariat de police égyptien.