Pas d’accord à Doha sur un gel de la production de pétrole
De grands producteurs de pétrole, réunis au Qatar, ont échoué dimanche à se mettre d’accord sur un gel de la production pour soutenir des prix en berne sur fond de rivalités entre l’Iran et l’Arabie saoudite.
Dix-huit pays membres et non membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), dont les principaux producteurs –Arabie saoudite et Russie–, étaient représentés à Doha.
Mais après six heures de tractations, le ministre qatari de l’Energie Mohammed ben Saleh al-Sada a annoncé que les pays concernés ont besoin de «plus de temps». Aucune date n’a été fixée pour une nouvelle réunion, a-t-il ajouté.
Interrogé sur une éventuelle réaction négative des marchés lundi, le ministre a répondu que «plusieurs facteurs influencent les prix» et que les fondamentaux du marché sont «positifs».
Les exigences de l’Arabie saoudite
Des ministres participant aux discussions avaient déclaré plus tôt soutenir un projet d’accord prévoyant un gel jusqu’à octobre de la production de brut à ses niveaux de janvier, afin de stabiliser le marché et de soutenir les prix, plombés par une surabondance de l’offre.
Mais certains pays ont exigé des changements, a indiqué un délégué à l’AFP.
Selon une source citée par l’agence de presse russe Ria-Novosti, l’Arabie saoudite a notamment exigé la participation de tous les pays de l’Opep au mécanisme.
Ryad «a posé comme condition la participation de tous les pays de l’Opep, dont l’Iran», a indiqué cette source dans l’une des délégations.
Or, l’Iran veut profiter de la levée partielle des sanctions internationales après l’entrée en vigueur de l’accord nucléaire à la mi-janvier pour augmenter sa production et ses exportations et reprendre ses parts du marché.
Des divergences entre l’Iran et l’Arabie saoudite, les deux grands rivaux du Moyen-Orient dont les relations sont au plus bas, avaient éclaté avant même le début des discussions, entraînant une décision de boycott de Téhéran.
«L’Iran ne renoncera en aucune manière à son quota de production historique», avait affirmé avec force le ministre iranien du Pétrole Bijan Namdar Zanganeh en annonçant le boycott de la réunion.
Comme on lui demandait si l’Iran avait été au centre des discussions, le ministre qatari a répondu: «Certainement, un gel sera plus efficace si de grands producteurs, y compris l’Iran, sont inclus».
«Cela aiderait à rééquilibrer le marché», a expliqué le ministre qatari tout en soulignant «respecter la position» de Téhéran.
Dans une interview publiée samedi par l’agence de presse Bloomberg, le vice-prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, avait réaffirmé que le royaume ne gèlerait pas sa production de brut à moins que l’Iran n’en fasse autant.
Un accord, négocié en février par l’Arabie, la Russie, le Qatar et le Venezuela, visait à geler la production de brut aux niveaux de janvier afin d’enrayer la surabondance de l’offre, jusqu’à ce que la demande reprenne au 3e trimestre de 2016.
Ensemble, les membres de l’Opep ont pompé 32,25 mbj en mars, dont près d’un tiers par l’Arabie saoudite, contre une moyenne de 31,85 mbj en 2015.
Surabondance de l’offre
La chute d’environ 60% des cours du brut depuis juin 2014 a été causée par une surabondance de l’offre, consécutive à une forte augmentation de la production de pétrole non conventionnel, dont le pétrole de schiste américain, et le refus par l’Opep en novembre 2014 de réduire sa production.
Les pays exportateurs ont ainsi perdu des centaines de milliards de dollars et accusé des déficits budgétaires ayant conduit à des mesures d’austérité.
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