Comment l’Éthiopie essaie de pourvoir aux besoins en eau de ses futurs citadins

D’ici 2050, 70 millions d’Éthiopiens vivront en ville, sur une population globale qui avoisinera les 180 millions d’habitants, contre 100 millions actuellement, une croissance démographique qui pose un défi majeur en terme d’hygiène et d’accès à l’eau.

La Sénégalaise des eaux est l’une des filiales d’Eranove. © Sylvain Cherkaoui pour Jeune Afrique

La Sénégalaise des eaux est l’une des filiales d’Eranove. © Sylvain Cherkaoui pour Jeune Afrique

Publié le 18 avril 2016 Lecture : 3 minutes.

Les autorités éthiopiennes, en collaboration avec l’Unicef, tentent d’anticiper les futurs besoins en développant la construction de puits pour pomper les nappes phréatiques et en éduquant les jeunes générations à l’importance de l’hygiène en terme de santé publique.

À 50 kilomètres de Mekele, la capitale de la région septentrionale du Tigré, Wukro, 43 000 habitants, surgit au milieu des montagnes rocheuses. Autour de l’avenue centrale, des immeubles sortent de terre et de petites industries s’implantent, un exemple parmi tant d’autres d’urbanisation croissante du géant éthiopien.

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Cette urbanisation « doit absolument s’accompagner d’un accès à l’eau et d’une amélioration de l’hygiène », explique Tamene Gossa, spécialiste de l’hygiène urbaine de l’Unicef, afin que les nouveaux quartiers ne deviennent pas des bidonvilles.

En 2013, le gouvernement éthiopien a lancé le programme « One Wash », auquel l’Unicef s’est associé, pour accélérer l’accès à l’eau et la santé dans ces centres urbains en plein développement.

À 18 kilomètres de Wukro, un chemin caillouteux mène à Enda Abreha Atsbeha, où se trouve une importante nappe phréatique. C’est là qu’un des trois puits artésiens des environs a été creusé.

Depuis fin 2015, une eau pure émerge de ce puits profond de 200 mètres, qui vient alimenter en aval Wukro. Selon Tesfalem Hagdu, directeur adjoint du bureau des ressources hydrauliques du Tigré, « chaque jour, chaque habitant reçoit de cette source 50 litres. Ça signifie qu’à Wukro, nous sommes en sécurité désormais ».

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Jusqu’ici, six puits alimentaient la ville mais de manière aléatoire, en fonction des précipitations saisonnières. L’Éthiopie est confrontée à sa pire sécheresse depuis 50 ans, selon les Nations unies, et même si le Tigré a été relativement épargné, des pénuries d’eau y ont été observées cette année.

Maladies parasitaires

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Autour de Wukro s’étend à perte de vue un désert aux allures d’Arizona. Les autorités y ont planté massivement des pousses d’acacias et d’eucalyptus pour limiter les phénomènes d’érosion, et aider l’eau à s’infiltrer dans le sol et à alimenter des sources souterraines.

« D’ici 2035, nous serons capables de fournir un accès à l’eau pour l’ensemble de la population. Pour Wukro, mais également les cinq villages autour. Selon l’évolution démographique, chaque habitant aura entre 40 et 80 litres par jour », estime Abdul Wassie, directeur du département technique du bureau régional des ressources hydrauliques.

Mais la ville est allée plus loin que le simple accès à l’eau. L’école primaire Kessanet, au centre-ville de Wukro, a créé il y a deux ans son « Wash Club »: une association de collégiens, aidés de leurs professeurs, qui promeut l’hygiène de base. Dans une ville isolée comme Wukro, les réflexes sanitaires manquent, comme se laver les mains régulièrement.

« Avant ce programme, les virus comme la grippe se propageaient, mais aussi des maladies parasitaires », se souvient Selamawit Tamerat, leader du Wash Club et professeur de chimie. « Tout a changé ensuite: les maladies ont diminué », ajoute Mme Tamerat, soulignant le rôle éducatif joué par les élèves au sein de leur famille.

Cette phase de sensibilisation s’est accompagnée de la construction d’infrastructures qui faisaient cruellement défaut: l’an dernier, des toilettes en dur ont enfin été construites. Ainsi qu’un espace d’intimité dédié aux adolescentes lorsqu’elles ont leurs règles, avec des serviettes hygiéniques et des livres d’anatomie à disposition.

Selon les Nations Unies, l’objectif de développement du millénaire consistant à réduire de moitié le pourcentage de la population mondiale n’ayant pas accès de façon durable à un approvisionnement en eau potable a été atteint avec cinq ans d’avance, dès 2010.

Mais celui de l’amélioration de l’assainissement n’a lui pas été atteint. Selon l’Unicef, 180 000 enfants de moins de cinq ans, en Afrique subsaharienne, meurent chaque année « soit 500 chaque jour » de maladies diarrhéiques dues à un mauvais accès à l’eau et à des conditions d’hygiène insuffisantes.

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