François Hollande défend les droits de l’homme en Égypte, Abdel Fattah al-Sissi s’agace

En visite officielle au Caire, le président français François Hollande a déclaré dimanche que la lutte contre le terrorisme ne pouvait s’affranchir du respect des droits de l’homme en Égypte. L’importance accordée à ce sujet a manifestement irrité son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi.

Le président français François Hollande (à gauche) aux côtés du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi lors d’une visite officielle au Caire, le 17 avril 2016. © AP/SIPA

Le président français François Hollande (à gauche) aux côtés du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi lors d’une visite officielle au Caire, le 17 avril 2016. © AP/SIPA

Publié le 18 avril 2016 Lecture : 2 minutes.

Son entourage avait assuré que les droits de l’homme seraient évoqués « de manière discrète et efficace » au Caire, deuxième étape de la tournée de François Hollande au Moyen-Orient. Pourtant, le sujet a occupé l’essentiel du temps de parole accordé au président français lors de la conférence de presse conjointe des deux chefs d’État organisée le 17 avril.

Lutter contre le terrorisme « suppose de la fermeté mais aussi un État, et un État de droit, c’est le sens de ce que la France évoque quand elle parle des droits de l’homme. Les droits de l’homme, ce n’est pas une contrainte, c’est aussi une façon de lutter contre le terrorisme », a déclaré François Hollande devant son homologue égyptien manifestement agacé par les questions des journalistes sur ce sujet.

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Disparition d’Éric Lang et de Giulio Regeni

« Nous avons évoqué avec le président Sissi les droits de l’homme, y compris les sujets les plus sensibles », comme les cas « du Français Eric Lang et de l’Italien Giulio Regeni », a continué le chef de l’État, qui a plaidé en faveur de la nécessaire « liberté de la presse et la liberté d’expression ».

Arrêté en 2013 au Caire par la police, Eric Lang avait été battu à mort dans sa cellule, « par des codétenus » selon le parquet général du Caire. Giulio Regeni, enlevé dans la capitale égyptienne le 25 janvier, avait été retrouvé mort neuf jours plus tard dans un fossé, le corps couvert des stigmates d’épouvantables tortures. Depuis, la presse italienne et des diplomates assurent qu’il a été tué par des membres des services de sécurité, ce que l’Égypte nie avec véhémence.

Les normes en Europe ne peuvent prévaloir dans la situation que vit notre région

« La région dans laquelle nous vivons est une région très perturbée, monsieur le président Hollande. Les normes en Europe, qui est au sommet du progrès et de la civilisation, ne peuvent prévaloir dans la situation que vit notre région, notamment l’Égypte », a sèchement rétorqué Abdel Fattah al-Sissi.

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« Nous sommes confrontés à des forces diaboliques qui essaient d’ébranler l’Égypte », notamment par « ces accusations qui visent à affaiblir la police, la justice ».

La semaine dernière, plusieurs ONG – la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH), Amnesty international et Human Rights Watch (HRW) notamment – avaient dénoncé le « silence assourdissant » de la France au sujet de la « gravité de la répression contre la société civile ». Depuis mi-mai 2014, environ 2000 cas de disparitions forcées ont été recensés, selon l’Egyptian Commission for Rights and Freedoms (ECRF). Un phénomène qui s’est accentué en 2015.

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