L’argent des Africains : Élise, chargée de communication au Tchad – 640 euros par mois

Cette semaine nous partons à N’Djamena au Tchad à la rencontre d’Élise, spécialiste en communication. Pour notre série, elle nous explique comment elle dépense son argent.

Élise vit avec son mari et ses quatre enfants à N’Djamena. © DR

Élise vit avec son mari et ses quatre enfants à N’Djamena. © DR

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Publié le 27 avril 2016 Lecture : 3 minutes.

Les cheveux coiffés en petites tresses éparses, Élise Brya, 30 ans, vit à N’Djamena depuis sa naissance. Après des études d’agronomie, elle obtient un master de sociologie avant de rejoindre le bureau du coordinateur des Nations unies au Tchad. Son poste de chargée de communication lui rapporte 420 000 F CFA, soit environ 640 euros par mois.

Mère de deux filles et de deux garçons, âgés de 4 à 12 ans, elle habite avec son époux dans une maison qui appartient à sa belle-mère. Ce qui leur évite de débourser de l’argent pour le loyer.

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Elise et ses 4 enfants. DR

Elise et ses 4 enfants. DR

Master en management : 282 euros

Élise explique « aimer apprendre de nouvelles choses ». C’est ce qui l’a d’ailleurs amenée à s’inscrire en master de management dans une université de Lille en France. « Je suis cette formation à distance. Chaque mois, elle déduit donc 282 euros de son salaire pour payer ses frais de scolarité.

Transport et dons à l’Église : 38 euros

Pour se rendre au travail et effectuer ses courses, la jeune femme se déplace à moto dans la capitale tchadienne. Le carburant lui revient à 10 000 CFA dans le mois.

De temps en temps Élise fait un don à son Église, lors d’événements qui s’organisent dans sa communauté religieuse : mariages, baptêmes, etc. « Il m’arrive de leur laisser jusqu’à 15 000 CFA (23 euros) ».

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Prise en charge de sa mère et de sa sœur : 91 euros

Élise aide également sa mère qui vit dans un autre appartement non loin de là et paie la formation de sa sœur qui suit un cursus professionnel pour être sage-femme d’État. Au total, elle leur consacre 91 euros par mois. « La famille a naturellement une grande importance. Ma sœur avait déjà fini ses études. Comme elle ne trouvait pas d’emploi dans cette filière, je lui ai demandé de trouver une autre formation que je lui paierai. »

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Épargne et tontine : 107 euros

Avec dix de ses bons amis habitant le même quartier, Élise a instauré une tontine rotative. Chaque mois elle y verse 76 euros. « Quand c’est mon tour de récupérer la somme ainsi cumulée, en septembre le plus souvent, je peux prendre jusqu’à 500 000 CFA (762 euros) en une fois. » se réjouit-elle. Une somme qu’elle utilise pour renouveler la garde robe de ses enfants pour l’année scolaire.

Alimentation, groupe électrogène et imprévus : 122 euros

Élise partage beaucoup de dépenses liées à la maisonnée avec son mari : « On essaie d’équilibrer les sorties d’argent avec nos salaires respectifs, l’alimentation, les factures, on les divise en deux. »  Elle estime à une soixantaine d’euros à peu près, l’argent dépensé dans les repas. « Même si c’est très rare, il m’arrive aussi de m’acheter des pagnes et les emmener chez le tailleur pour de nouvelles tenues », dit-elle.

Il faut aussi penser à acheter du carburant pour le groupe électrogène que la famille s’est procuré afin que les enfants puissent réviser lors des coupures intempestives d’électricité qui sévissent dans la ville. Pour couvrir ces frais supplémentaires et se faire plaisir de temps en temps, Élise compte généralement 42 euros. Quant aux aléas du quotidien que l’on n’attend pas forcément, la jeune femme leur réserve approximativement 20 euros sur une période de 30 jours.

Pour son avenir, Élise hésite encore. « À terme, j’espère que le master que je suis m’aidera à avoir les connaissances nécessaires pour lancer puis gérer ma propre affaire : un média d’information au Tchad », raconte-t-elle. Depuis un an et demi qu’elle a été embauchée et avec tous ses diplômes en poche, la jeune tchadienne voit grand.

Elle n’exclut pas non plus d’avancer dans sa hiérarchie : « Je m’y vois bien briguer un poste de management après mon master », s’exclame-t-elle. Et pourquoi pas trouver un emploi ailleurs, dans un autre pays ? « Au Tchad, les opportunités pour les jeunes sont très minces. Je pourrais peut-être revenir ici quand les choses auront commencé à changer. » Rien n’est acté.

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