Burundi : 345 cas de torture et mauvais traitements depuis le début d’année, selon l’ONU
Une équipe du haut-commissariat aux droits de l’homme s’est rendue la semaine passée au Burundi. Elle a fait état d’une hausse des cas de torture et de mauvais traitements dans le pays.
« Depuis le début de l’année, mon équipe a enregistré au moins 345 nouveaux cas de torture et mauvais traitements. Ces chiffres choquants indiquent clairement le recours généralisé et grandissant à la torture et aux mauvais traitements par les forces de sécurité gouvernementales », a déclaré le haut-commissaire aux droits de l’homme Zeid Ra’ad Al Hussein dans un communiqué du 18 avril.
600 victimes depuis avril 2015
Au total, quelque 595 victimes de torture ou de mauvais traitement ont été répertoriées par l’agence des Nations unies depuis le début de la crise au Burundi, suite à l’annonce de la candidature du président Nkrurunziza à un troisième mandat en avril 2015. Un chiffre probablement sous-estimé, pointe le communiqué sachant que les auteurs bénéficient « d’une impunité totale ».
Ce constat s’appuie sur les conclusions d’une équipe du haut-commissariat aux droits de l’homme qui a effectué une visite au Burundi la semaine dernière, au cours de laquelle elle a pu se rendre dans les locaux du Service national de renseignement (SNR) à Bujumbura. Sur les 67 personnes détenues dans les locaux du SNR, 37 présentaient des signes de torture et 25 étaient maintenus en détention au-delà du délai réglementaire, indique le communiqué.
Je suis profondément choqué par ces terribles récits
« Beaucoup de détenus rencontrés par nos équipes au cours des dernières semaines présentaient des blessures encore fraîches. Certains étaient incapables de marcher sans assistance, après avoir été battus avec des ceintures, des barres en fer et des objets pointus, ou brûlés. Je suis profondément troublé par ces terribles récits et j’appelle le gouvernement burundais, dans les termes les plus forts, à mettre immédiatement un terme à ces pratiques inacceptables et illégales », a déclaré Zeid Ra’ad Al Hussein.
Arrêtés pour des délits mineurs et torturés
La plupart ont affirmé qu’ils avaient été torturés ou maltraités pour les forcer à avouer leur soutien à des groupes rebelles ou à fournir le nom d’autres personnes soupçonnées de soutenir ces groupes. Certains ont déclaré avoir été témoin du meurtre de plusieurs de leurs collègues.
Par ailleurs, bien que tous les détenus aient été arrêtés pour des délits mineurs, les accusations mentionnées dans le registre du SNR contre nombre d’entre eux concernaient des infractions beaucoup plus graves, dont celle d’atteinte à la sécurité de l’État, possession illégale d’armes et espionnage, pointe le communiqué.
Outre les locaux du SNR, les cas de torture et de mauvais traitement, en nette hausse, ont lieu dans les postes de police situés en particulier dans les quartiers contestataires de la capitale Citiboke et Musaga, et dans le camps militaire de Mutakara, autre quartier contestataire de Bujumbura. Le haut-commissaire s’est dit également « profondément préoccupé par des informations sur l’existence de lieux de détention secrets à travers le pays ».
Les ex-FAB pris pour cible
Ce dernier a dit par ailleurs avoir reçu des « informations persistantes » sur des arrestations, tortures, disparitions forcées et assassinats de certains membres de la police et de l’armée par d’autres membres des forces gouvernementales. Les membres et officiers des anciennes Forces armées burundaises, aussi connues sous le nom d’ex-FAB et à prédominance tutsie, « semblent être particulièrement pris pour cible ».
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