Arabie saoudite : un projet de loi sur le 11-Septembre complique la visite d’Obama à Ryad
Déjà annoncée comme délicate, la visite de Barack Obama cette semaine à Ryad sera rendue encore plus épineuse par un projet de loi américain qui permettrait aux familles des victimes du 11-Septembre de poursuivre le gouvernement saoudien pour obtenir des dédommagements. Un ministre saoudien a déjà menacé les États-Unis de mesures de rétorsion si le texte était adopté.
Barack Obama rencontrera mercredi 20 avril le roi Salmane à Ryad avant de participer jeudi à un sommet réunissant les pays du Conseil de coopération du Golfe (Arabie saoudite, Bahreïn, Émirats arabes unis, Koweït, Qatar, Oman). Le projet de loi, soutenu par des démocrates et des républicains, n’a pas encore été soumis au vote du Congrès mais suscite déjà des tensions. En cas d’adoption, il permettrait notamment aux familles des victimes du 11-Septembre de poursuivre le gouvernement saoudien pour obtenir des dédommagements.
La Maison Blanche brandit la menace d’un veto
La Maison Blanche a averti que le président Barack Obama opposerait son veto si la loi intitulée « Justice Against Sponsors of Terrorism Act » était votée par le Congrès.
Lundi 18 avril, le porte parole de l’exécutif américain, Josh Earnest, a précisé la position d’Obama. « Notre inquiétude par rapport à cette loi n’est pas liée à son impact sur nos relations avec un pays en particulier, elle est liée à un principe important du droit international : l’immunité des États », a-t-il déclaré
Remettre en cause ce principe pourrait, « si d’autres pays adoptaient une loi similaire, représenter un risque significatif pour les États-Unis, nos contribuables, nos militaires et nos diplomates », a-t-il continué.
Ce principe « permet aux pays de résoudre leurs différends grâce à la diplomatie et non pas à travers les tribunaux », a-t-il insisté.
Le rôle de l’Arabie Saoudite dans les attentats du 11-Septembre non confirmé
Zacarias Moussaoui, le Français condamné pour sa participation aux attentats du 11-Septembre, surnommé le « 20e pirate de l’air », avait assuré à des avocats américains en février 2015 que des membres de la famille royale saoudienne avaient versé des millions de dollars à Al-Qaïda dans les années 1990.
Une affirmation immédiatement rejetée par l’ambassade d’Arabie saoudite mais qui avait rouvert le débat à Washington sur la nécessité ou non de publier une partie encore classée du rapport de la commission d’enquête américaine sur le 11 septembre. Vingt-huit pages qui évoqueraient, selon certains, le rôle possible de gouvernements étrangers.
Aucune implication de l’Arabie saoudite en tant qu’État n’a jamais été démontrée mais 15 des 19 pirates de l’air étaient effectivement de nationalité saoudienne.
Des représailles saoudiennes annoncées
Selon le New York Times, le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al-Jubeir, a averti des élus lors d’une visite à Washington le mois dernier de possibles conséquences coûteuses si le texte était adopté. Le quotidien affirme que celui-ci a notamment menacé de vendre quelque 750 milliards de dollars en bons du Trésor américain et autres biens détenus aux États-Unis.
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