La filière phosphates est à la peine

Autrefois pilier de l’économie togolaise, le secteur de la filière phosphates végète. Les investissements en cours devraient lui permettre de remonter la pente. Mais quand ?

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© Vincent Fournier pour JA

Publié le 15 novembre 2011 Lecture : 2 minutes.

Le phosphate, utilisé dans la fabrication des engrais, bénéficie de cours très favorables grâce à l’explosion de la demande mondiale en produits agricoles. Mais le Togo – pourtant l’un des principaux producteurs africains de ce minerai – peine à en tirer profit. Certes, le prix de la tonne, situé à 150 euros environ, a baissé de moitié par rapport à 2008. Mais il est encore près de dix fois plus élevé qu’il y a cinq ans.

À l’opposé, la production togolaise annuelle de phosphates n’a cessé de dégringoler, faute d’investissements suffisants. Elle est passée de plus de 3 millions de tonnes dans les années 1990 (elle représentait 40 % des recettes du pays) à environ 800 000 t depuis 2008. Une situation qui a poussé la Banque mondiale et le Fonds monétaire international à conditionner leur appui à la bonne gouvernance de la filière et à la relance de la production.

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Dépassement de budget

De fait, depuis sa création en 2007, la Société nouvelle des phosphates du Togo (SNPT), qui succède à l’Office togolais des phosphates et à l’International Fertilizers Group, tente de remettre la machine en route. « Nous comptons atteindre 1,1 million de tonnes en 2011 [soit une production équivalente à celle de 2006, NDLR], puis monter progressivement en puissance », affirme Michel Kézié, directeur général de la SNPT.

Pour y parvenir, un plan stratégique d’au moins 200 milliards de F CFA (305 millions d’euros) est mis en œuvre. Il s’articule autour de trois axes. La remise à niveau de l’appareil productif – en cours – consiste d’abord à « réhabiliter les engins avec l’acquisition de pièces de rechange, mais aussi à commander de nouvelles machines et à former des techniciens », explique Michel Kézié. Deux vedettes ont été livrées au premier semestre 2011 pour faciliter le chargement des navires, et deux pelles hautes sont attendues pour 2012. Au total, cette phase, qui devait coûter 28 milliards de F CFA, en a déjà absorbé près de 50 milliards. « L’essentiel de ce montant est financé sur fonds propres », souligne le directeur.

Après le renouvellement des équipements, suivra une phase d’expansion et de développement de la filière. Nécessitant un investissement de 48 milliards de F CFA, elle porte sur l’exploitation du phosphate carbonaté (le pays n’utilise que la couche meuble de son gisement), dont la réserve est estimée à près de 2 milliards de tonnes. Les autorités, qui recherchent un partenaire technique pour ce projet, ont reçu plusieurs offres venant de groupes étrangers (indien, australien…). « Nous espérons une décision du gouvernement avant la fin de cette année », a récemment indiqué Michael Hale, directeur de la société Sultan.

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Une fois l’exploitation du phosphate carbonaté lancée, le gouvernement entend industrialiser la filière, avec la construction d’une usine d’acide phosphorique. Montant prévu de l’investissement : entre 68 milliards et 132 milliards de F CFA. Mais d’ici là, la priorité demeure la relance de la production et une meilleure gouvernance de la filière. 

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