Les petites citadines à la conquête de Dakar

Entrées à faible vitesse sur le marché il y a quelques années, les automobiles à bas prix s’imposent dans les rues de la capitale sénégalaise.

cecile sow

Publié le 24 juin 2009 Lecture : 2 minutes.

Il y a quatre ans, lorsqu’elle est arrivée à Dakar, la minuscule Chery QQ faisait sourire. Avec ses quarante centimètres de moins qu’une Peugeot 206, elle n’inspirait pas confiance. Aujourd’hui, la très, très petite voiture chinoise aux couleurs gaies se lance sans complexes à l’assaut des routes sénégalaises. « Nous écoulons jusqu’à 15 véhicules par mois, et les ventes au cours des deux dernières années ont progressé de 300 % », indique un commercial d’Espace Auto, une concession appartenant au groupe CCBM, dirigé par l’homme d’affaires sénégalais Serigne Mboup.

Les campagnes de publicité régulières ont porté leurs fruits. Mais, surtout, la QQ, qui est la moins chère (vendue à partir de 4,5 millions de F CFA, soit 6 800 euros), est venue répondre, avec les Suzuki Alto, les Toyota Yaris ou encore les Kia Picanto, à une demande de plus en plus forte. De nos jours, tout le monde ou presque considère la voiture non plus comme un luxe, mais comme une nécessité. Au Sénégal, où il se vend environ 6 000 nouveaux véhicules par an, il était quasiment impossible d’acquérir un véhicule neuf à moins de 10 millions de F CFA il y a à peine cinq ans. Les acheteurs se ruaient sur les voitures d’occasion importées de Belgique et de France surtout, et vendues dans l’informel. Puis la décision gouvernementale de 2003 d’interdire l’importation des voitures de plus de cinq ans d’âge a commencé à produire ses effets. Les prix des « seconde main » ont grimpé.

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C’est dans ce contexte favorable que les modèles à moins de 8 millions de F CFA ont fait leur apparition dans le sillage de la Chery QQ. En quatre ans, les petites low cost représentent déjà près de 5 % du marché. Elles ne devraient pas s’arrêter en si bon chemin grâce à l’essor du crédit automobile, qui permet aux faibles revenus d’acquérir un véhicule. Les acheteurs peuvent bénéficier d’un prêt sans apport et étaler le remboursement sur soixante mois à des taux d’environ 7 %. « En 2008, sur deux campagnes avec des concessionnaires, nous avons eu un volume de crédit de 1,5 milliard de F CFA et 80 % des demandes ont été acceptées », indique un cadre d’une banque préférant ne pas être cité.

Des berlines moins chères

Si les véhicules à faible prix ne font pas encore vivre les concessionnaires, ils soutiennent le marché et laissent espérer des marges futures plus importantes. « Les banques peuvent prendre les décisions de crédit en vingt-quatre heures, ce qui évite que le client ne se décourage. Les conditions de développement du marché automobile sont meilleures », note Hermann Kla, le responsable marketing de la Sénégalaise de l’automobile. La Chery QQ et ses consœurs contribuent ainsi à changer les mentalités. « L’émergence de l’offre de crédit bancaire habitue le consommateur à aller vers des véhicules neufs », indique Claude Sartini, le président-directeur général de CFAO Motors Sénégal.

Avec un habitacle plus grand, plus commode, un minimum d’options (climatisation, vitres électriques…), des berlines familiales à moins de 8 millions de F CFA arrivent sur le marché soutenues par d’incontournables campagnes publicitaires. Vendues au-delà de 16 millions de F CFA, les stars actuelles des routes sénégalaises, les 4×4 Toyota ou Mitsubishi, sont-elles passées de mode ?

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