L’Afrique amortit le choc !

En subissant un faible recul des ventes – entre 10 % et 15 % -, le commerce de véhicules sur le continent résiste à la récession mondiale du secteur. Reste à savoir si ce ralentissement va s’accentuer jusqu’à la sortie de crise, prévue en 2010.

Publié le 22 septembre 2009 Lecture : 4 minutes.

Alors que le Salon international de l’automobile de Francfort, qui se déroule du 17 au 27 septembre, bat son plein sur fond de crise mondiale du secteur, l’Afrique fait figure d’exception sur l’échiquier planétaire du commerce de véhicules. Certes, l’activité automobile sur le continent est touchée par la récession internationale, mais dans des proportions sensiblement moindres qu’en Europe, aux États-Unis ou en Asie. Elle semble en tout cas avoir amorti l’onde de choc (hormis en Afrique du sud où 40 000 emplois ont été détruits). Au Maghreb, des trois grands marchés de la région, c’est le Maroc qui est sans nul doute le plus affecté. Selon les dernières statistiques – datant de la fin août – de l’Association des importateurs de véhicules au Maroc (Aivam), les importations de voitures particulières (VP) sont en recul de 14,7 % sur les huit premiers mois de l’année, par rapport à la même période en 2008, s’établissant à 42 086 unités. Au total, les ventes globales se sont effritées de 9,67 % dans la même période pour atteindre 64 469 VP. Cette baisse tient néanmoins compte de la légère hausse compensatoire de 1,59 % des ventes de véhicules assemblés sur place, à 22 383 unités, essentiellement grâce au succès de la Logan, le modèle low cost de Dacia, la marque roumaine de Renault produite à l’usine Somaca de Casablanca. Du coup, la firme au losange affiche une santé presque insolente dans ce contexte légèrement déprimé. Le constructeur a vendu 9 000 Dacia Logan sur le seul premier semestre 2009 et 10 200 Renault. « Les ventes de Dacia ont bondi de 20 %, portant la croissance de nos ventes totales à 9 % », indiquait récemment Patrice Ratti, PDG de Renault Maroc. L’heure est également à l’optimisme pour d’autres marques internationales dont les ventes ont progressé sur les cinq premiers mois de l’année, comme Ford (+ 6,5 %), Volkswagen (+ 9 %), Nissan (+ 12 %) ou Mercedes (+ 1,2 %). En revanche, les constructeurs asiatiques accusent le coup. Le coréen Kia a cédé 18,8 % et Hyundai 5,7 %, Mitsubishi chute de 41 %, Honda de 31 %, et Toyota affiche une baisse de 10 %. « Les Marocains reportent leur achat de véhicules neufs de plusieurs mois en attendant des jours meilleurs. Mais la situation est loin d’être catastrophique, avec la perspective de terminer 2009 par un ralentissement du marché de seulement 5 % », estime Rachid Fadouach, DG du concessionnaire marocain SMEIA, qui distribue les modèles Mazda, BMW et Land Rover. 

Arrêt de la hausse en Algérie

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En Algérie, le plus grand marché automobile maghrébin – évalué à quelque 250 000 véhicules par an – a aussi commencé à décélérer en raison… d’une mesure gouvernementale. Au nom de la lutte pour limiter les importations du pays et l’endettement des ménages, les pouvoirs publics ont décidé d’interdire le crédit à la consommation, auquel ont recours les Algériens pour au moins 35 % des achats de véhicules neufs importés. Cette disposition législative a l’inconvénient d’arrêter net la croissance du marché. « Celui-ci s’est déjà effrité à partir d’avril, enregistrant une baisse de 3 % sur les sept premiers mois de l’année par rapport à la même période en 2008 », souligne Marc Bergeretti, DG de Peugeot Algérie. Pis, selon le Centre national de l’informatique et des statistiques des douanes (Cnis), 144 000 véhicules ont été importés par des concessionnaires agréés pendant la première moitié de 2009, contre plus de 160 000 durant les six premiers mois de 2008. Soit une baisse de 10 %. Une situation légèrement défavorable qui n’a pas empêché Peugeot Algérie d’avoir écoulé à la fin de juillet dernier 15 264 voitures et augmenté sa part de marché de 1 %. Le constructeur gagne dans la foulée une place dans le top 5 des meilleures ventes algériennes de véhicules en s’y classant quatrième. Les marques françaises se portent d’ailleurs à merveille. Selon le journal El Watan, Renault Algérie a progressé de 30 % durant la première moitié de 2009 pour se hisser au rang de leader avec plus de 22 % de part de marché, devant Toyota et Hyundai. Ces derniers ont vu leurs ventes chuter en moyenne de plus de 20 %.

De son côté, le marché tunisien de l’automobile est au beau fixe, tous les indicateurs étant au vert pour les industries mécaniques et électriques. Les Tunisiens continuent à acheter davantage de véhicules, toutes catégories confondues, portant le marché à la hausse. Encore une fois, la firme au losange fait la course dans le peloton de tête. Talonnée par Fiat, elle est toutefois largement dépassée par le nouveau leader, Volkswagen. 

Succès des petites citadines

En Afrique subsaharienne francophone, le Sénégal et la Côte d’Ivoire, les deux principaux marchés de l’automobile, semblent, eux, juste effleurés par l’impact de la crise mondiale. Évalué à plus de 6 000 véhicules neufs par an, le marché sénégalais a enregistré sur le premier semestre 2009 une légère baisse de 1 % des ventes. Les concessionnaires s’attendent ainsi à des résultats stables en 2009. C’est surtout le succès des petites citadines, notamment japonaises, avec la Toyota Yaris, coréennes, avec la Kia Picanto, ou chinoises, avec la marque Chery, qui porte le marché. De même pour son homologue ivoirien (environ 5 000 véhicules par an), soutenu par les ventes de petits véhicules, qui ont crû de plus de 27 % en 2008 par rapport à 2007. Sur l’ensemble des segments de gamme, le japonais Toyota restait leader en 2008, devant Mitsubishi, Hyundai et Peugeot. Alors qu’au Sénégal Mitsubishi était en pole position, suivi de Toyota, Ford et Volkswagen. « Nous accusons cependant une baisse de nos ventes de 10 % à 15 % », tempèrent de concert Richard Bielle et Christian Dagher, respectivement DG du groupe CFAO et de Soeximex, spécialistes de la distribution automobile en Afrique.

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En vue d’une reprise mondiale du secteur en 2010, tout porte néanmoins à croire que le marché africain a évité le plus gros de la crise pour repartir de plus belle. À moins que l’onde de choc ne se fasse ressentir plus tardivement que celle qui vient de frapper la filière automobile mondiale. 

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