Afrique de l’Ouest : des mini-asiatiques hégémoniques
Portés par le succès des citadines japonaises, coréennes et chinoises, les marchés ivoiriens et sénégalais continuent de croître. Comme au Maghreb, les marques françaises sont détrônées depuis quelques années sur le marché ivoirien par les constructeurs asiatiques.
Les voitures japonaises, coréennes et chinoises ont opéré une percée fulgurante pour représenter aujourd’hui 65 % du marché, contre 33 % pour les européennes. Toyota reste leader sur le segment des petits véhicules, devant Mitsubishi, Hyundai et Peugeot. En 2008, CFAO Motors, concessionnaire de plusieurs marques, a écoulé 498 Toyota Yaris, le modèle le plus vendu avec la Corolla. Mais depuis l’introduction en juin 2006 de modèles low cost, le français Renault en a profité pour réaliser une belle percée avec sa Dacia Logan. La Société ivoirienne de distribution automobile (Socida) a notamment pu en vendre 375 unités. Et en l’espace d’un an, l’invasion des modèles Gwperi du constructeur chinois Great Wall, des « véhicules à bas prix conçus avec une technologie japonaise », a un peu bouleversé le marché. Le succès croissant de ces nouvelles venues, commercialisées par le distributeur Rimco Motors, est le fruit d’une stratégie fondée surtout sur le service après-vente. « Nous avons réussi à gommer leur réputation de mauvaise qualité. On en a déjà vendu 300 exemplaires et on vise une progression de 10 % cette année », expose Ali Jaber, directeur commercial chez Rimco Motors. L’entreprise envisage d’ouvrir des succursales à Bouaké et San Pedro.
Au Sénégal, c’est aussi une petite chinoise, une citadine compacte cette fois, qui fait un carton à Dakar. La minuscule Chery QQ (40 cm de moins que la Peugeot 206) s’est lancée avec des résultats plus que prometteurs sur le marché sénégalais depuis quatre ans. « Nous écoulons jusqu’à 15 unités par mois, soutenant la progression de nos ventes ces deux dernières années de quelque 300 % ! », indiquait récemment un responsable commercial d’Espace Auto, une concession du groupe CCBM. À l’appui, les campagnes de communication régulières ont porté leurs fruits. Surtout, la QQ (la moins chère du marché, à 4,5 millions de F CFA, soit 6 800 euros) a contribué à répondre à une demande des consommateurs de plus en plus forte de petits véhicules, aux côtés de la Suzuki Alto, de la Toyota Yaris ou de la Kia Picanto. Il faut dire que l’interdiction gouvernementale depuis 2003 d’importer des voitures d’occasion de plus de cinq ans a permis de doper l’achat de petits véhicules neufs.
Dans ce contexte favorable, les modèles à moins de 8 millions de F CFA (14 000 euros) ont fait leur apparition dans le sillage de la Chery QQ. Ces voitures low cost représentent déjà près de 5 % du marché. Elles devraient poursuivre leur essor grâce à l’émergence du crédit à la consommation, qui permet aux revenus modestes d’accéder à l’achat d’un véhicule neuf avec une offre de prêt sans apport et un remboursement étalé sur soixante mois à des taux d’intérêt d’environ 7 %.
Taxis ivoiriens d’occasion
En attendant, la QQ perce les marchés publics ou privés de renouvellement de flottes automobiles. Destinée à une clientèle féminine, elle équipe notamment le parc des « Taxis Sisters », le réseau des femmes taxis à Dakar. En revanche, c’est le calme plat à Abidjan sur ce type de marché. « Depuis dix ans, les propriétaires de taxis ne passent plus commande, préférant l’acquisition de voitures d’occasion », confie Philippe Huard, directeur des opérations chez CIDP (filiale de CFAO Motors).
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