L’automobile sort d’un profond coma
Frappé par la crise, le secteur a perdu 40 000 emplois en un an. Les investissements et les lancements annoncés par BMW et Renault redonnent de l’espoir.
Le 6 octobre dernier, les constructeurs automobiles présents en Afrique du Sud n’en sont pas revenus. Alors que le secteur est confronté à l’une des crises les plus sévères de son histoire et que le gouvernement tente en vain de réunir la profession pour parler de l’avenir de cette industrie majeure, BMW a pris ses concurrents à contre-pied avec l’annonce d’un investissement de 200 millions d’euros dans son usine de Pretoria. « Nous avons pu signer des engagements avec le département du Commerce et de l’Industrie », confirme Bobo Donauer, le PDG de BMW South Africa. Sacré revirement. BMW avait menacé à plusieurs reprises de quitter le pays s’il ne trouvait pas de terrain d’entente avec le gouvernement. Ce dernier aurait cherché à s’assurer d’une production minimale de 50 000 véhicules par an sur le site.
L’investissement de BMW, qui devrait voir la capacité de production annuelle de la firme augmenter de 60 000 à 87 000 véhicules sur trois ans, représente une lueur d’espoir pour un secteur en panne. Dépendant à 80 % de l’export, l’industrie automobile sud-africaine a subi de plein fouet la récession mondiale. Et le marché local, déjà restreint, est en chute libre. En deux ans, les ventes des véhicules neufs ont reculé de 50 %. Le secteur a licencié 40 000 salariés au cours des douze derniers mois. Les difficultés de la première industrie automobile du continent (elle emploie plus de 300 000 personnes – 38 000 dans la fabrication, 81 000 dans l’équipement des véhicules et 200 000 dans les services commerciaux ou d’entretien) sont un vrai coup dur pour l’économie du pays. « Le gouvernement a accordé des prêts à court terme pour sauver des entreprises, surtout des fournisseurs de pièces, en difficulté. Elles sont de plus en plus nombreuses, et l’incertitude chez les fabricants inspire peu confiance aux banques dont ces PME dépendent », précise Tony Twine, analyste chez Econometrix.
Dans ce contexte tendu, les négociations patinent pour signer l’Automotive Production and Development Programme (APDP), le plan d’action pour l’industrie automobile sud-africaine allant jusqu’à 2013. Il doit apporter des garanties, notamment fiscales, aux fabricants et donner aux autorités des gages en matière de production et de sécurité de l’emploi. Engagées depuis 2008, les discussions auraient dû aboutir pour une mise en œuvre de l’APDP au 1er juillet 2009. La lenteur du processus a failli faire capoter l’investissement de BMW. Mais le gouvernement est tiraillé entre sa volonté de favoriser le développement du marché et de ménager les syndicats, qui ont favorisé l’accès au pouvoir de Jacob Zuma.
Renault mise sur la Sandero
Malgré l’épais brouillard qui enveloppe l’activité, le groupe Renault-Nissan, installé comme BMW à Rosslyn, près de Pretoria, maintient le cap du développement. Alors que Mercedes et BMW s’affrontent dans le haut de gamme et visent surtout l’exportation, notamment vers les marchés européens, Renault a pris le pari d’affronter Volkswagen et surtout Toyota pour le marché local de l’entrée de gamme. S’appuyant sur la présence de sa filiale Nissan dans le pays, la marque au losange espère que la Sandero, assemblée à Pretoria et lancée en mai 2009 sous le slogan « Proudly South African » (fièrement sud-africaine), lui ouvrira grand le marché. L’année dernière, Renault n’y a vendu que 4 000 véhicules, tous importés (8 000 en 2007).
Difficile pourtant de dire si le secteur approche de la fin du tunnel. « L’investissement de BMW est une bonne nouvelle, et l’on parle d’un autre fabricant qui devrait annoncer prochainement un investissement. Mais tant que l’APDP ne sera pas mis en œuvre, les investisseurs demeureront frileux et axés sur l’exportation », insiste Tony Twine.
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