Le FMI suspend son aide au Mozambique pour dissimulation de dette

Le Fonds monétaire international (FMI) a décidé de suspendre son aide au Mozambique, suite à la découverte de l’existence d’environ un milliard de dollars de dettes non intégrées dans les statistiques officielles, a indiqué l’institution financière.

Logo du Fonds monétaire international © Reuters

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Publié le 19 avril 2016 Lecture : 2 minutes.

« Les emprunts non dévoilés dépassent un milliard de dollars et changent considérablement notre évaluation des perspectives macro-économiques du Mozambique », indique la chef du département Afrique du FMI, Antoinette Sayeh, dans un communiqué reçu mardi par l’AFP. La mission des équipes, qui devait se rendre au Mozambique cette semaine pour évaluer les comptes publics et donner leur feu vert au versement d’une nouvelle tranche de prêt, a été suspendue, a indiqué Antoinette Sayeh durant une conférence de presse à Washington le 15 avril.

Pour clarifier la situation, le Premier ministre mozambicain, Carlos Agostinho de Rosario, a entamé mardi une visite de plusieurs jours aux États-Unis pour rencontrer la directrice du FMI, Christine Lagarde, et des responsables de la Banque mondiale, rapporte l’AFP.

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Selon un communiqué du Premier ministre mozambicain, il doit évoquer « le total de la dette contractée par les entreprises publiques, avec la garantie de l’État, qui n’apparaissent pas dans les statistiques et n’ont pas été rapportées au FMI ».

Emprunt obligataire

Les incertitudes autour de la dette du Mozambique concernent principalement l’impact des garanties émises par l’État sur les finances publiques.

L’État mozambicain a finalisé le 6 avril un échange d’obligations sur la dette de l’entreprise publique Empresa Mocambicana de Atum (Ematum), spécialisée dans la pêche de thon. L’émission obligataire de l’État, d’une valeur de 726,5 millions de dollars et arrivant à maturité en 2023, a été émise le 15 mars en remplacement d’un emprunt réalisé par Ematum fin 2013.

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Émis avec la garantie de l’État, cet emprunt arrivait à maturité en 2020 et nécessitait le versement d’environ 200 millions de dollars (principal et intérêts) par an alors qu’Ematum se trouve en difficultés de paiement, obligeant le gouvernement à intervenir.

Avec cet échange de titres obligataires, les paiements à effectuer baissent à 70 millions de dollars par jour, selon les estimations de l’agence Standard & Poor’s, mais l’État mozambicain se trouve désormais détenteur direct de cette dette.

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Cet échange de titres obligataires a amené l’agence Moody’s à dégrader la note souveraine du Mozambique, passée le 16 avril de B3 à Caa1, de la catégorie des obligations dites « hautement spéculatives » à celles comportant des « risques substantiels ».

Fin 2015, la dette du Mozambique était estimée à 66,7 % du PIB et 222,4 % des recettes publiques (contre 53,2 % du PIB et 158 % des recettes en 2014), selon les estimations de Standard & Poor’s. Cette année, elle pourrait atteindre 65,9 %du PIB et 227,4 % des recettes publiques.

Une ligne de crédit de plus de 280 millions de dollars

En décembre 2015, le FMI avait octroyé au Mozambique une ligne de crédit de 282,9 millions de dollars, déboursable par tranches successives en contrepartie de mesures d’économie. Un premier prêt de 117,9 millions avait alors été aussitôt débloqué pour aider le pays à faire face à la chute des cours des matières premières qui a plombé ses recettes, rappelle l’AFP

Ce plan d’aide sera suspendu « en attendant une transparence totale et une évaluation des faits », a expliqué Antoinette Sayeh à l’agence.

La suspension de l’aide du FMI, qui pourrait être suivi par d’autres institutions internationales, pourrait sérieusement affecter les finances publiques du Mozambique, qui est l’un des dix pays les plus pauvres au monde, selon le FMI, et dont un quart du budget provient des bailleurs de fonds, indique la même source.

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