Burundi : Washington hausse le ton contre le gouvernement, accusé d’être l’« élément moteur » de la crise
Les États-unis haussent à nouveau le ton contre le régime de Pierre Nkurunziza. Selon l’envoyé spécial de Washington pour la région des Grands Lacs, Thomas Perriello, le gouvernement burundais est la cause de la crise qui secoue depuis un an le pays.
« Le gouvernement du Burundi est l’élément moteur, pas la victime de la crise actuelle, que ce soit sur le plan politique ou économique », a déclaré Thomas Perriello lors d’une conférence de presse à Bujumbura, accusant le pouvoir de « double-langage ».
« Nous avons eu des engagements concrets du président lui-même il y a quelques semaines, sur la libération de prisonniers politiques ; nous n’avons rien vu. Nous avons eu l’engagement du président lui-même sur (le déploiement de) 200 observateurs de l’Union africaine mais la question continue d’être esquivée« , a dénoncé l’envoyé spécial des États-Unis, visiblement agacé.
« Des cas systématiques de torture et d’exécutions extra-judiciaires répertoriés »
« Nous sommes à un moment où le gouvernement se dit déterminé à faire en sorte que les Burundais puissent rentrer en toute sécurité dans leur pays alors que dans le même temps, des cas systématiques de torture et d’exécutions extra-judiciaires sont répertoriés », a poursuivi M. Perriello.
Selon un responsable onusien en poste à Bujumbura, les violences ont déjà fait plus de 500 morts depuis le début de la crise et le Haut commissariat de l’ONU aux réfugiés estime désormais à plus de 270 000 le nombre de Burundais qui ont fui leur pays. L’ONU a également répertorié au moins 345 cas de torture et mauvais traitements depuis le début de l’année.
Asphyxie financière
« C’est le genre de double-langage qui ne crée pas la confiance dans le gouvernement, pas plus que pour la suite des événements », a ajouté le responsable américain.
Ce dernier a aussi insisté sur la situation économique très dégradée du pays en raison de la crise, estimant que le gouvernement avait pris récemment des mesures, notamment dans le secteur bancaire, susceptibles de favoriser la fuite des capitaux vers l’étranger et d’aggraver la situation.
« Le gouvernement fait tout pour faire en sorte qu’il nous soit impossible, ainsi que pour nos partenaires, de continuer à aider le peuple burundais et l’économie burundaise », a jugé Thomas Perriello, qui doit rencontrer dans les prochains jours l’ancien président tanzanien Benjamin Mkapa, récemment désigné médiateur pour la crise burundaise par la Communauté des États d’Afrique de l’Est.
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